2.4.1.2 Les rituels du V.B.Q.

Bien que ne rentrant pas dans le cadre géographique de notre étude, une présentation rapide des données concernant les tombes de la culture des Vasi a Bocca Quadratta est nécessaire car elles éclairent le comportement des hommes face aux haches dans les Alpes centrales et les plaines d’Italie du Nord. De plus, une étude récente a fait le point sur la question, étude que nous résumons ici (Pedrotti 1996).

Dans le rituel funéraire du V.B.Q., les corps sont inhumés dans des cistes de dalles dressées ou en pleine terre, groupées en nécropoles. Plusieurs d’entre elles ont fait l’objet de fouilles développées : dans les grottes des Arene Candide et de La Pollera en Ligurie, à Chiozza di Scandiano en Emilie Romagne, à Quinzano en Vénétie et à La Vela di Trento dans le Trentin-Haut-Adige. Les lames polies sont présentes dans 38 sépultures sur un minimum de 163 documentées, soit une sépulture sur quatre, avec 41 pièces recensées. Deux types d’objets sont nettement distincts : les «ciseaux» allongés, aux côtés rectilignes, et les lames de hache habituelles. Les plus grandes pièces peuvent dépasser 15 cm de long, mais la plupart sont de longueur inférieure à 10 cm. Toutes sont retrouvées dans des sépultures masculines, quand le sexe de l’individu est identifiable, et sont placées près de la tête ou de la main. Les grandes lames de hache sont souvent le seul mobilier funéraire et les sépultures qui les contiennent se distinguent par leur position dans la nécropole : à Chiozza di Scandiano, elles sont placées au centre ; à La Vela, elles sont décalées par rapport aux autres. Sur ce dernier site ainsi qu’à Romarzolo et à Pederzano, tous situés dans la haute vallée de l’Adige, les ciseaux affectent la forme de bottier typique des cultures danubiennes, et en sont probablement des imitations en roches alpines (jadéitites et omphacitites), voire, pour certains, des importations directes (cf. p. 331). L’influence du monde danubien à travers les Alpes semble ainsi s’affirmer dans cette grande vallée qui constitue un axe de circulation nord-sud apprécié dans les Alpes centrales dès le Néolithique ancien (cf. p. 78-80).

Le rituel funéraire du V.B.Q. intègre donc de manière relativement courante les lames de hache, sans doute en fait des outils entiers, déposés auprès des hommes, mais pas de tous, et parfois auprès d’enfants. La hache semble donc assumer un rôle de symbole de statut masculin et peut-être héréditaire, sous la forme d’outils courants, sauf en ce qui concerne les «ciseaux» réguliers qui pourraient être des objets peu utilitaires, en tous cas marqués d’un statut extra-ordinaire puisque ceux qui sont déposés en sépultures sont de facture soignée.