2.4.2 Le Néolithique final

Deux types de sépultures sont à distinguer : les sépultures collectives, qui représentent la règle habituelle d’inhumation, et les sépultures individuelles, beaucoup plus rares. Dans les deux, les lames de hache sont présentes bien que toujours en faible nombre.

2.4.2.1 Les sépultures collectives

Les lames de hache apparaissent dans toutes les régions concernées par notre étude. En Piémont, une lame polie provient de la sépulture collective en grotte de Boira Fusca à Salto di Cuorgnè (n° 925-1). En Valais, les dolmens MVI et MXII de la nécropole du Petit-Chasseur à Sion ont livré respectivement une et deux lames de hache (n° 821-1 et -2). Dans le Sillon alpin, la sépulture collective en grotte de Comboire à Claix a fourni une lame polie (n° 410-1, pl. 48). A peu de distance, un ciseau provient du groupe sépulcral n° 1 de Saint-Paul-de-Varces, attribué au Campaniforme (n° 448-1, pl. 48). Les porches de grotte anciennement «fouillés» dans la cluse de Grenoble à La Buisse et à Voreppe ont livré des sépultures collectives avec un mobilier abondant. Cependant, l’examen des contextes de découverte ne permet pas d’être affirmatif quant à l’association de tout le mobilier avec lesdites sépultures (Bocquet 1969). Cela est en particulier le cas pour les trois lames de hache du mobilier abondant de la grotte de Fontabert (n° 406-1 ; pl. 48).

En vallée du Rhône, la fouille ancienne de l’hypogée de Vaugelas à Montélimar (n° 95-2) aurait fourni deux lames de hache aujourd’hui perdues. Peu éloignée sur l’autre rive du Rhône, la sépulture collective en grotte de Payre III au Pouzin (n° 222-1) contenait une lame polie (pl. 49). Toujours en Ardèche, les dolmens peuvent contenir entre autre mobilier funéraire des lames de hache. Nous en avons trouvé mention dans les fouilles récentes du Cros des Grenouilles (n° 205-2, une pièce) et aux Granges (n° 205-3, une pièce) sur la commune de Berrias-Casteljau et à Lussas/les Rieux (n° 219-2, une lame polie). Des lames polies sont mentionnées dans les fouilles anciennes de dolmens à Bourg-Saint-Andéol/le Liby (207-1, deux objets), Lagorce/Chadenede (n° 218-1, deux pièces), Saint-Marcel-d’Ardèche/Pradinas (n° 228-1, trois pièces), et la liste n’est sans doute pas exhaustive. Le cas de la grotte de Gaude à Saint-Etienne-de-Fontbellon (n° 225-1) n’est pas clair car les données publiées ne permettent pas de savoir si le fragment de lame polie retrouvé était ou non associé à la quinzaine de sépultures établies dans la cavité.

Malgré un nombre de sites concernés non négligeable, les lames de hache n’apparaissent donc que rarement dans les sépultures collectives du Néolithique final : treize cas sûrs pour plusieurs centaines de dolmens, grottes funéraires et hypogées. Le nombre de lames polies est toujours faible, le plus souvent une, parfois deux ou trois, ce qui ne peut correspondre à un mobilier individuel généralisé. De plus, ces objets sont toujours de faibles dimensions. Il semble donc que les haches ne jouent pas de rôle particulier dans le rituel funéraire des sépultures collectives. Elles apparaissent comme un bien parmi d’autres, et leur association avec un individu précis n’a à notre connaissance jamais été mise en évidence.

Ces données peuvent être aisément mises en parallèle avec les régions alentours. En Provence, les lames de hache sont également rares dans les sépultures collectives du Néolithique final (Sauzade 1983, p. 64). Nous en avons trouvé mention en Provence dans la grotte funéraire de La Montade (une pièce ; Courtin 1974, p. 239). Une lame polie de bonnes dimensions a été récemment découverte dans le tumulus ceinturant le dolmen de l’ubac à Goult (Sauzade, Buisson-Catil et Bizot 2000). En Italie du Nord, les nombreuses petites grottes et abris-sous-roche aménagés en sépultures collectives ne contiennent que rarement des lames de hache (Marinis 1996). Il s’agit toujours d’exemplaires uniques et de très petites dimensions, à l’exception de Buco del Corno di Entratico qui a livré quatre lames polies dont l’association avec les sépultures peut être mise en doute (ibid.).

A contrario, les sépultures collectives du Bassin parisien, de la culture de Seine-Oise-Marne, contiennent habituellement plusieurs haches de bonnes dimensions, soit des lames polies en silex enchâssées dans une gaine en bois de cerf perforée, soit des lames en bois de cerf perforées et façonnées avec soin qui rappellent les hache-marteau en pierre polie (Bailloud 1979, p. 197-200). Une telle pratique trouve un écho dans la culture contemporaine de Horgen, comme l’atteste la sépulture collective de Spreitenbach en Argovie qui a livré trois lames de hache (Bleuer, Huber et alii 1999).