2.4.2.2 Les sépultures individuelles

Les découvertes de Fontaine-le-Puits en Tarentaise (n° 521-1) sont à notre connaissance le seul exemple alpin de lames de hache déposées en sépultures individuelles durant le Néolithique final. Sur les trois tombes fouillées en 1909, deux ont livré des lames de hache. La tombe A contenait un abondant mobilier, dont deux lames polies (en éclogite et en probable jadéitite) et une lame de hache en cuivre (pl. 37). La tombe B ne contenait que des objets non métalliques, dont une lame de hache en éclogite (pl. 38). Toutes trois, de bonnes dimensions (13,3, 11,2 et 14,6 cm), portent les traces nettes d’un façonnage par facettes longitudinales typique du Néolithique final au sens large (cf. p. 326).

Dans les Baronnies, deux lames polies ont été anciennement découvertes dans un des loci de l’abri sépulcral de Coste à Buis-les-Baronnies (n° 27-1, pl. 49). Le locus contenait une sépulture individuelle. En Ardèche, la grotte de Biberambou à Vesseaux (n° 241-1) a livré une incinération déposée dans une étroiture du réseau karstique. Une lame de hache a été retrouvée à proximité, mais l’association avec l’inhumation, bien que probable, ne peut être formellement démontrée.

Les lames polies de Coste et de Biberambou, par leurs petites dimensions, se rapprochent de celles déposées dans les sépultures collectives. Les exemplaires de Fontaine-le-Puits au contraire relèvent d’un rituel opposé qui s’inscrit parfaitement dans l’ensemble des observations effectuées par les auteurs ayant étudié le site (Müller 1909 ; Bocquet 1976g, 1984 ; Rey 1999, vol. 3 p. 310-343). Les points de comparaison dans le rituel funéraire s’orientent pour une bonne partie vers l’Italie du Nord et en particulier vers la nécropole éponyme de Remedello Sotto. Pour les lames de hache en pierre polie, la synthèse récente de R.C. de Marinis pour l’Italie septentrionale démontre que ce type de mobilier est bien attesté, mais selon des modalités fort variables, dans les sépultures individuelles des cultures maîtrisant le cuivre (Marinis 1996). Elles sont inconnues dans la nécropole de Spilamberto, de même que les lames de hache en cuivre. Par contre, douze lames de hache apparaissent dans cinq tombes parmi les plusieurs dizaines que compte la nécropole de Remedello. Elles sont également présentes à Fontanella (dans cinq tombes), à Volongo (dans trois tombes) et à Cumarola (quatre pièces). Toutes sont de dimensions moyennes, comprises entre 6 et 10 cm de longueur, et de forme trapézoïdale à rectangulaire, au sommet large. Durant le Néolithique final, les lames de hache en pierre polie (le plus souvent de la famille des éclogites), participent donc au rituel funéraire autant que les lames de hache en cuivre, mais il est difficile de préciser si l’une ou l’autre catégorie avait une valeur supérieure. D’après la sériation récente de la nécropole de Remedello, les lames en pierre polie seraient présentes durant toute la durée d’utilisation (ibid.).