2.4.3.2 Le statut de la hache

En quoi la présence et la qualité des lames de hache déposées dans les tombes donnent-elles des informations sur le statut de l’objet ? A partir de leur présence régulière dans les tombes masculines des cultures danubiennes, l’idée a été exprimée que la hache (en l’occurrence, une herminette) déposée dans la tombe est l’outil commun de l’homme (Pétrequin et Jeunesse dir. 1995). Cela est sans doute vrai, mais certaines tombes danubiennes au riche mobilier incluant des lames polies non utilitaires (cf. chapitre 7) démontrent dès la fin du Néolithique ancien que la hache sert aussi de prétexte pour exprimer d’autres choses, par le truchement du dépôt dans la tombe. Une telle idée peut être développée à propos de notre corpus, tant au Néolithique moyen que final dans les cas de sépultures individuelles. En effet, il est indéniable que les cas documentés montrent que les haches sont associées aux sépultures masculines. Mais l’absence de systématique et la qualité des objets, qui s’exprime sous des formes différentes (longueur, matière, façonnage) selon les régions et les périodes, démontre bien que le dépôt d’une (lame de ?) hache dans la sépulture procède d’un mode de distinction de l’individu, et par là, indique des différences de traitement des personnes dans la mort. Ce point sera repris dans la synthèse générale (chapitre 8). A contrario, dans les sépultures collectives du Néolithique final, le statut de la hache est plus difficile à percevoir : simple outil déposé après l’achèvement de la construction, viatique de consécration, ou bien personnel de l’un des défunts ? Aucun indice ne permet de répondre à cette question.

Les variations dans la place des lames de hache au sein des dépôts funéraires indiquent bien que dès que l’on aborde le domaine du symbolique, un objet n’a plus de sens par lui-même. C’est le contexte d’emploi qui détermine le sens qui lui est donné. De ce fait, l’examen des contextes extra-ordinaires doit être poursuivi en-dehors des dépôts funéraires (chapitre 7).