1.1.2 Caractères communs des lames polies de La Bégude

La cohérence pétrographique des dix lames polies de La Bégude-de-Mazenc/quartier Gros-Jean est très forte, malgré des aspects de surface variables. Il s’agit de roches de la famille des éclogites alpines au sens géologique (cf. p. 111). Six pièces ont subi un début de rétromorphose qui n’a pas beaucoup altéré la composition minéralogique initiale (n° 1, 5, 6, 7 8 et 10). Ces transformations donnent aux roches des nuances de teinte du plus bel effet, en particulier pour les n° 1 et 8 dont les litages prennent un aspect marbré magnifique.

Dans la logique de diffusion des éclogites selon des axes orientés de l’Est vers l’Ouest (carte 18) les plus proches affleurements (180 km à vol d’oiseau) sont ceux du massif du Mont-Viso. L’extraction, qu’elle soit effectuée sur l’affleurement en place ou sur les gros blocs morainiques qui en descendent, a donc pu être réalisée en choisissant avec soin, parmi les hectares de roche mise à nu, les bancs présentant les qualités techniques et esthétiques recherchées. Tout comme les auteurs ayant travaillé sur le cas de La Bégude (Cordier et Bocquet 1973, 1998 ; Pétrequin, Croutsch et Cassen 1998), nous excluons l’hypothèse d’exploitations sur des gisements secondaires, conglomérats ou galets alluvionnaires, car les dimensions et les qualités requises pour le façonnage des ébauches induisent un choix draconien de la matière première que seuls les affleurements en place ou les blocs peu transformés peuvent offrir.

L’analyse technique, morphologique et dimensionnelle des dix lames polies découvertes à La Bégude-de-Mazenc/quartier Gros-Jean permet de les répartir en deux groupes bien distincts : les longues lames soigneusement façonnées avec un anneau bouchardé après le polissage, et celles réalisées sur éclat mis en forme sans soin particulier.