1.2.3 ,Datation du «type Bégude»

La datation directe du «type Bégude» sens strict est pour l’heure impossible, faute d’exemplaire entier découvert en contexte sûr. Mais des pièces assez proches du «type Bégude» au sens large peuvent être identifiées dans trois sites du Sud-Est de la France, qui les placent dans des phases anciennes du Néolithique moyen. Une lame polie entière provient d’un niveau culturellement mal défini du site de Soyons/la Brégoule (n° 236-1), mais qui peut être placé d’après la stratigraphie postérieurement au niveau Cardial et antérieurement au niveau Chasséen. Une position ancienne dans le Néolithique moyen peut être proposée (Beeching, Vital et Dal-Pra 1985). La lame polie de ce niveau présente les caractères du «type Bégude» au sens large, malgré une modeste longueur (pl. 7). A La Garde-Adhémar/Surel (n° 64-1) en moyenne vallée du Rhône, une grande lame polie entière de 16,2 cm de long a été découverte en fouille lors de décapages mécaniques (pl. 28). Elle peut être attribuée au Néolithique moyen, sans précision. Sa forme générale la rapproche du «type Bégude» au sens large, mais elle en diffère par le traitement du tranchant. Un large tranchant courbe en pyroxénite provient du site de Giribaldi à Nice (Ricq-de Bouard 1996, p. 107 n° 19), placé dans une fourchette chrono-culturelle ancienne (Pré-Chasséen ; Binder 1990c). Relevons de plus que le fragment de «type Bégude» au sens strict du site de Saint-Alban-Leysse/Saint-Saturnin (n° 531-1 ; pl. 83 n° 1) provient d’un site où le Néolithique moyen I est bien représenté (Rey 1999, p. 445-505).

De plus, le façonnage du «type Bégude» s’inscrit dans une logique technique qui est celle prédominante durant les phases anciennes du Néolithique (type A, cf. fig. 40) et qui connaît à partir du Néolithique moyen II un déclin certain. Bien qu’il ne s’agisse que d’une tendance évolutive, elle permet de renforcer la proposition d’une datation haute pour le «type Bégude» qui peut ainsi être perçu comme une emphase technique de modèles de lames polies courants dans les Alpes occidentales durant les étapes anciennes du Néolithique (Pétrequin, Cassen et alii 1997 ; Pétrequin, Croutsch et Cassen 1998). Le «type Bégude» peut ainsi correspondre à une survalorisation de l’outil hache limitée dans le temps qui s’exprime par la réalisation de pièces non utilitaires qui poussent à l’extrême les limites techniques sur les dimensions, la symétrie et le façonnage. Le fait peut en être traduit par la comparaison entre les largeurs et longueurs des lames polies de «type Bégude» et de toutes celles datées du Néolithique moyen au sens large dans notre région d’étude (fig. 72). Il apparaît clairement une disjonction dans le comportement des grandes lames polies, qui sont presque toutes des «type Bégude», qui se distinguent, à partir d’une largeur jamais inférieure à 5 cm, par la recherche de grands allongements. Le fait est parfaitement corrélé avec la tendance mise en évidence lors de l’étude des dimensions des supports en éclogites (cf. fig. 18).

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Figure 72. Grandes lames polies des phases anciennes du Néolithique. Comparaison entre toutes les lames polies du Néolithique moyen et les pièces du «type Zermatt», du «type Bégude», et de formes autres