2.2.1 Les cas documentés

2.2.1.1 Vaie/Rumiano

L’abri-sous-roche de Rumiano à Vaie, dans la basse vallée de Suse en Piémont (n° 928-1) a été fouillé par Taramelli en 1900-1901, qui a découvert des couches d’occupation en place. Quelques tessons aujourd’hui conservés sont attribués soit au Néolithique ancien de type Impressa (Bagolini et Biagi 1977a), soit au Néolithique final (Bertone et Fozzati 1998). Pour notre propos, relevons que douze objets en roches tenaces (éclogites et affiliés) ont été mis au jour (pl. 55) : trois lames polies de petites dimensions et trois fragments, trois pièces brisées en cours de façonnage (bouchardage), et trois longues lames polies de 19, 20 et 21,2 cm de long (cf. supra). D’après les publications anciennes, ces trois longues pièces auraient été trouvées l’une dans l’abri, une autre dans les terres situées en contrebas, la troisième sans précision (Zamagni 1996b).

Bien qu’aucun indice contextuel ne permette de démontrer formellement l’existence d’un dépôt intentionnel, la présence de trois longues lames polies nous semble suspecte, d’autant plus qu’elles peuvent sans problème être rattachées au «type Zermatt» défini plus haut (fig. 71). S’il y a bien contemporanéité entre ces grandes lames polies et les tessons du Néolithique ancien de ce site, ce probable dépôt serait quelque peu antérieur à celui de La Bégude-de-Mazenc. Il n’est pas possible de savoir si l’ensemble du mobilier en roches tenaces du site doit être rapporté à cette période. Mais nous pouvons suggérer à titre d’hypothèse qu’il s’agisse d’un dépôt associant lames polies achevées de grandes dimensions, petites lames polies fonctionnelles, ébauches brisées et outils de travail (cf. p. 214). Ce type de dépôt lié à la production n’est pas inconnu en-dehors des Alpes : il apparaît dans le Bassin parisien près des minières de silex, avec des cachettes d’ébauches qui constituent sans doute des réserves (cf. inventaire in Cordier et Bocquet 1973).