La découverte inédite du Vallonnet à Bonneval-sur-Arc en Haute-Maurienne présente quelques traits communs avec celle de Zermatt/Garten (n° 511-1). Le site est implanté en altitude, vers 2200 m, sur un versant abrupt qui domine l’auge glaciaire de la vallée principale et qui donne sur un cirque glaciaire perché, le Vallonnet, où affleurent en abondance les serpentinites. Malgré des escarpements impressionnants, le cirque du Vallonnet peut être franchi par des cols d’altitude qui donnent sur d’autres cirques perchés et englacés où les circulations sont possibles en direction du massif du Gran Paradiso et des vallées de Lanzo, sur le versant piémontais des Alpes. En outre, le lieu de la découverte est une position dominante forte face au col de l’Iseran qui donne accès à la Tarentaise (carte 4, n° 20). Rappelons que le site Néolithique final de Bessans/le Château (n° 509-1) est implanté en fond de vallée à 4 km en aval à vol d’oiseau.
Trois objets, dont un seul façonné de main d’homme, ont été découverts près d’un abri-sous-bloc à l’occasion de travaux. Une enquête orale menée par P.-J. Rey (Rey 1999, p. 214-216) et une prospection personnelle sur place permettent de penser qu’ils ne proviennent pas directement de l’abri formé par le bloc erratique mais étaient placés dans le talus en contrebas (formation de type moraine de pente) qui a été tronqué par les travaux, à quelques mètres de l’abri. D’après les inventeurs, les objets auraient été déposés dans un «foyer» de un mètre de diamètre situé à 40 cm sous la surface. Aucun objet néolithique ni indication de présence humaine (charbons, structure, etc.) n’ont pu être décelés dans le front d’érosion lors de notre visite des lieux en 1997.
L’objet façonné a été présenté plus haut (cf. p. 445). Nous l’interprétons, avec prudence, comme une ébauche bouchardée de très grande lame de hache en roche de type gneiss (pl. 115). Comme pour Zermatt/Garten, l’absence -en l’état actuel- de contexte à proximité immédiate donne quelque crédit à l’hypothèse d’un dépôt isolé et intentionnel, peut-être le long d’un itinéraire d’altitude154 qui suit la vallée de l’Arc et permet les circulations dans les massifs de la ligne de partage des eaux, entre 2000 et 3500 m d’altitude.
Les itinéraires d’altitude au sommet de l’auge glaciaire ne sont pas des vues de l’esprit. L’actuel chemin de Grande Randonnée qui parcourt le massif de la Vanoise (GR 5) emprunte un tel cheminement sur l’autre versant. Ce sentier balcon offre une vue magnifique vers le fond de vallée et les sommets et permet de franchir aisément les torrents de versants là où ils sont moins impétueux. De plus, il évite le fond de l’auge soumis aux divagations du torrent.