2.3.3 Comparaisons

Les dépôts intentionnels de lames de hache dans des contextes d’occupations néolithiques avérés peuvent être comparés, au moins en moyenne vallée du Rhône où les faits semblent probants, avec les données fournies par l’occupation Chasséen récent du grand site de Montélimar/Gournier (n° 95-1), où quatre lames polies proviennent des sols contemporains du monument funéraire circulaire (pl. 26). La structure du monument lui-même est composée par des dépôts : fosses comblées de meules, bovidés entiers ou bucranes et sépultures. Ce monument est tout autant sinon plus, une vaste structure de dépôt qu’un site funéraire, dans la mesure où les sépultures sont partie intégrante et structurante du monument tel qu’il est conservé (Beeching 1992). Les lames polies, exclues de sépultures, sont néanmoins présentes alentours sans qu’un soin particulier leur ait été accordé.

Une seconde comparaison peut être effectuée avec le site récemment fouillé près de Montpellier à Port-Marianne/Jacques Coeur II (Jallot, Georjon et alii 2000). A proximité d’une sépulture chasséenne, deux cuvettes peu profondes ont livré des dépôts intentionnels : l’une, une jarre vide cassée en place ; l’autre, une jarre également cassée de même mais contenant les fragments de neuf vases, ainsi que deux galets, trois flèches tranchantes, une lamelle et une lame en silex, et une lame polie entière mais brisée en deux. Cette dernière, en pyroxénite alpine, est de modestes dimensions, 7 cm de long, mais est parfaitement symétrique et le fil du tranchant est intact et exempt de stries d’usage, ce qui indique soit un objet neuf soit un repolissage des biseaux afin de les remettre à neuf. Les auteurs proposent de relier ces deux dépôts intentionnels à la sépulture, le tout appartenant peut-être à un ensemble plus vaste que l’exiguïté de la fouille n’a pas permis de reconnaître. Le mobilier permet de rattacher l’ensemble à un Chasséen ancien dont les affinités s’établissent avec le Chasséen ancien de la vallée du Rhône et celui de type Berriac/Plots dans l’Aude, mais aussi avec Giribaldi et le groupe de Montbolo. Cette datation est antérieure à celle des dépôts reconnus dans la Drôme.