Nous avons recensé six cas de hachettes-pendeloques dans notre région d’étude, toutes dans le bassin français du Rhône (carte 37 ; pl. 173). Quatre d’entre elles proviennent de la Drôme et de l’Ardèche, dont trois en vallée du Rhône : un exemplaire de 3,8 cm de long découvert dans la Baume des Anges à Donzère (n° 55-1), un deuxième provenant de Montélimar sans contexte précis, conservé dans la collection Morel et qui mesurerait environ 9,9 cm de long (n° 95-0), et une petite pendeloque percée de 2 cm de long très probablement façonnée sur un éclat de tranchant de lame de hache, retrouvée sur le site des Bruyères à Saint-Julien-de-Peyrolas (n° 227-1). Dans les reliefs des Baronnies, une autre hachette-pendeloque de la collection Morel provient de Bésignan et mesurerait environ 2,4 cm de long (n° 18). Les matériaux constituant ces objets sont inconnus, à l’exception de celle des Bruyères qui est une roche tenace non identifiée. En Savoie, deux exemplaires sont à signaler. Une pièce disparue a été découverte à Saint-Michel-de-Maurienne en contrebas du village de La Buffaz (Rey 1999, vol. 3 p. 594-597) ; une autre de 4,1 cm de long provient du lac du Bourget, sans doute de l’un des habitats riverains (n° 512). Cette dernière est en éclogite.
La répartition géographique des découvertes suggère une dichotomie entre les pièces de la Drôme et celles de la Savoie (carte 37). Les exemplaires drômois et ardéchois peuvent être reliés au groupe languedocien de la vallée du Gardon et des garrigues du Gard (Barge 1982, p. 130-132), et permettent d’étendre, avec les deux pièces du Vaucluse signalées à Bonnieux/Grès et à Buoux/Claparèdes (Courtin 1974, p. 207), le groupe des hachettes-pendeloques languedociennes à la rive orientale du Rhône. J. Courtin a souligné l’absence de ces objets en Provence orientale (ibid.). Notre propre enquête démontre que cette absence concerne également les Préalpes du Sud et le bassin de la Durance. Un exemplaire en amphibolite de 6 cm de long signalé à la limite entre les départements de l’Ardèche et de la Haute-Loire, aux Arcis près d’Issarlès, pourrait être rattaché à ce groupe (Masson 1977, p. 55 et fig. 15). Le groupe du Nord-Est Gard/Sud Drôme/Vaucluse apparaît donc complètement indépendant du système de production des lames polies alpines, bien que d’après les données publiées par H. Barge, la majorité des objets soient constituées de «roches vertes» qu’il serait intéressant de déterminer avec précision. Relevons en outre que cette aire de répartition circonscrite correspond étroitement à l’une des deux régions de concentration principale de billes chasséennes qui sont de datation antérieure (carte 32).
Les deux découvertes savoyardes sont difficiles à relier au groupe languedocien. Un vide de découvertes important, mais qui n’est peut-être qu’un artefact de la documentation, les sépare des objets similaires de la Drôme. Nous sommes tenté d’établir une connexion beaucoup plus lointaine avec la culture de Seine-Oise-Marne, dans la mesure où nous avons retrouvé en Saône-et-Loire deux hachettes-pendeloques inédites à notre connaissance (carte 37, points A et B) qui constituent un relais ténu mais indéniable en direction du Bassin parisien. Une enquête précise serait à mener en Bourgogne pour retrouver d’autres exemplaires de hachettes-pendeloques156, mais cette hypothèse s’inscrit sans difficulté dans le cadre des relations entretenues par la culture de S.O.M. avec les cultures contemporaines de l’Est et du Sud-Est du Bassin parisien, relations reconnues depuis longtemps en particulier avec le Horgen de la Suisse et du Jura (Vogt 1938). En outre, nous avons vu (carte 34 et p. 386-388) que les gaines de hache perforées en bois de cerf typiques de la culture de S.O.M. se retrouvent en rares exemplaires dans le Jura (Voruz 1997), dans le Valais, en Maurienne (Sollières/les Balmes, n° 547-1), région de provenance de la hachette-pendeloque de Saint-Michel-de-Maurienne (n° 540), et, au-delà du col du Mont-Cenis, à Chianocco/Orrido dans le val de Suse (n° 912-1). Néanmoins, ce lien avec la culture de S.O.M. n’implique pas des diffusions de hachettes-pendeloques du Bassin parisien aux Alpes, au contraire : la pièce du lac de Bourget est en éclogite probablement alpine s. géol. et ne peut être une importation du Bassin parisien. Il nous semble que la question doit être posée en sens inverse : peut-être certaines hachettes-pendeloques de la culture de S.O.M. sont-elles en roches alpines, ce qui se saurait surprendre puisque de telles diffusions sont démontrées durant les périodes précédentes (cf. chapitre 5).
Nous n’en avons découvert aucune dans les collections des musées archéologiques de Mâcon et de Dijon.