2. Les Alpes : échanges, néolithisation et peuplement

Le rôle central des Alpes dans les circulations de lames de hache en éclogites, induisant des relations transalpines, a été explicité par M. Ricq-de Bouard et F. Fedele, qui ont souligné la faiblesse des diffusions par les côtes méditerranéennes et ont mis l’accent sur les traces de relations transalpines et de parcours dans les reliefs provençaux (Ricq-de Bouard et Fedele 1993). Démontré pour la Ligurie, la vallée du Tanaro et la Provence, ce fait a été extrapolé à titre d’hypothèse pour les Alpes piémontaises et le moyen bassin du Rhône. Dans ce travail, nous avons documenté et pleinement confirmé cette proposition, puisque les éclogites des Alpes occidentales ont été l’objet d’exploitations intensives, grâce au développement d’un savoir-faire technique important, et exacerbé en particulier dans les phases anciennes du Néolithique (cf. supra). L’histoire complexe que nous entrevoyons sur la base des données établies sur les roches tenaces place les reliefs alpins au coeur d’un système d’échanges qui a de profondes incidences sur le développement des sociétés néolithiques. Dès lors, il est nécessaire de confronter nos données et nos hypothèses bâties sur des bases empiriques (l’étude des faits) et l’intégration de modèles de fonctionnement ethno-archéologiques avec les études plus théoriques qui tendent à fournir une explication aux modalités de peuplement et de néolithisation des Alpes (Fedele 1976, 1979, 1999 ; Bocquet 1997 ; Gallay 1989). Ces travaux présentés en introduction peuvent être repris selon trois thèmes complémentaires : la discussion du caractère évolutionniste simple des sociétés alpines ; la reconnaissance de l’émergence d’une identité culturelle propre aux Alpes occidentales ; la question du mode de peuplement alpin.