4.2.3 Au Néolithique final (phase 6)

La complexification des signifiants liés aux haches est nette durant le Néolithique final. Nous avons reconnu :

• le poids de ce que nous pouvons nommer un héritage du Chasséen, perçu du Sud de la France à la Vénétie dans la présence de petites lames polies-reliques dans les sépultures collectives, et dans l’apparition de hachettes-pendeloques ;

• l’influence idéologique des cultures septentrionales, explicitée plus haut, où le comportement perceptible est celui du collecteur de biens inutiles mais chargés de symbole et tous affiliés aux haches : lames de hache-marteau, gaines perforées, simulacres et objets divers emmanchés, que l’on peut brandir ;

• dans les reliefs alpins, une tendance renouvelée à la production de grandes lames de hache en éclogites («type Magland») placées en dépôts isolés. Le producteur reprend ici ses droits et contribue à singulariser les reliefs alpins des avant-pays où les transformations techniques et les nouveaux symboles ostentatoires occupent la place (cf. supra).

Le statut de la hache est donc celui d’un outil ; la perte de valeur de la lame polie conduit, sauf dans les régions de production sur éclogites, à l’adoption d’autres objets porteurs de sens. Dans le bassin du Rhône, ces nouveaux objets ne sont plus utilitaires, ils sont devenus de purs symboles. Il n’en est pas de même en Italie du Nord où les sépultures individuelles des cultures maîtrisant le cuivre (Remedello, Spilamberto) contiennent des armes et des outils, en particulier des (lames de) haches en cuivre et en pierre polie. A l’est des Alpes, le statut des hommes s’affiche encore par des outils véritables, et il en est probablement de même dans les vallées intra-alpines si l’on en croit les sépultures de Fontaine-le-Puits qui associent lames de hache en éclogite/jadéitite et en cuivre (pl. 37 et 38).