Annexe 11
Principes de description des lames polies et des percutants

L’annexe 11 présente les critères descriptifs utilisés pour établir les fiches d’objet (lames de hache et percutants). Les principes et grandes options descriptives sont repris des propositions de nomenclature d’A. Leroi-Gourhan, appliquées en Suisse (Buret 1983) et dans le Sud-Est de la France (Ricq-de Bouard et Ducasse 1983) sur des objets en roches métamorphiques tenaces très proches des nôtres. Nos choix descriptifs sont fonction des questions posées au préalable à l’étude et non en vue d’une description «exhaustive» de l’objet. En conséquence, l’accent est mis sur la reconnaissance des traces techniques de façonnage et les aspects de surface et formes induites ainsi que sur les traces de reprises de façonnage consécutives aux usures et accidents d’usage.

La lame de hache est considérée comme un volume oblong et orienté, avec une partie proximale, mésiale et distale, correspondant au talon ou sommet, au corps et au tranchant de la lame polie (cf. figure page suivante, 1 et 2). Quatre surfaces composent le corps de l’objet : les deux principales, les faces, sont dénommées A pour la plus convexe, B pour la plus plate (correspondant souvent à une surface d’éclatement de la roche) ; les côtés sont dénommés C et D. Le tranchant est composé de deux biseaux qui se rejoignent sur la partie coupante, le fil.

La fiche descriptive comprend deux parties :

• des informations extrinsèques : localisation géographique, contexte archéologique (structure, fonction du site : cf. annexe 2) et datations éventuelles (période : grande subdivision entre Néolithique ancien, moyen et final, éventuellement subdivisées ; culture : attribution chrono-culturelle -par exemple, Chasséen de faciès ancien- ; datation : mesures physiques éventuelles -radiocarbone, dendrochronologie-) ; origine (fouille, ramassage, etc.), lieu de dépôt et numéro d’inventaire, bibliographie, documentation établie lors de l’étude : dessin, photo, fiche, notes succintes.

• Les informations intrinsèques aux lames de hache sont groupées en sept parties :

  • un résumé de l’histoire de l’objet qui présente, sur la base de l’observation des surfaces, les états par lesquels il est passé, codés en fonction des quatre cycles théoriques de la vie de l’objet (fig. 3). 1 : la fabrication, avec indication des techniques (a : débitage, b : taille, c : sciage, d : bouchardage, e : polissage) ; 2 : l’emmanchement ; 3 : l’usage normal, subdivisé en a : tranchant usé, b : tranchant en cours de réaffûtage, c : tranchant neuf ou réaffûté ; 4 : la cassure, subdivisée en a : objet cassé abandonné tel, b : en cours de réparation, c : objet réutilisable. Ce résumé permet de saisir immédiatement les caractères principaux de la lame polie et de décrire l’état dans lequel elle nous est parvenue. Par exemple, une lame polie résumée 3434 a été façonnée et utilisée (3), puis cassée (4), a subi des reprises de façonnage, a été réutilisée (3) puis à nouveau cassée (4). Elle est aujourd’hui dans l’état 4b, c’est-à-dire qu’après sa seconde cassure elle a fait l’objet d’une tentative de reprise, abandonnée. Autre exemple, une lame polie résumée en 1abd, aujourd’hui dans l’état 1d, est une ébauche débitée (1a), taillée (b) et abandonnée en cours de bouchardage (1d). Une lame polie résumée en 3b est abandonnée en cours de reprise des biseaux après usure due à l’usage. En complément sont indiqués l’aspect de l’objet (patiné, érodé, encroûté, brûlé, etc.) et son degré d’intégrité de conservation (entier, proximal, mésial, distal et combinaisons).

Les données sur la roche sont décomposées en six rubriques. Sont décrites la couleur, la texture (amorphe, grain fin ou moyen, fibreuse, enchevêtrée, schisteuse), le litage éventuel (horizontal, vertical, incliné, linéaire) puis sont indiqués le type d’analyse effectué, le résultat obtenu et l’interprétation proposée (groupe de roche ; cf. chapitre 2 et annexe 9).

L’ensemble des informations concernant la fabrication de la lame polie et la forme obtenue sont regroupées en 32 rubriques.

• Les six premières décrivent les opérations techniques de la fabrication : support employé (éclat, bloc, galet, lame de hache, éclat de lame de hache ou de galet), traces de débitage, traces de façonnage par taille, sciage, bouchardage et polissage (avec précision des surfaces concernées : ABCD).

• Une seconde série de critères rend compte de l’importance relative et des caractéristiques de chaque technique de façonnage dans la morphologie de chacune des surfaces principales (ABCD et proximale). Pour permettre les comparaisons, chaque surface est décrite selon l’importance de chaque technique, avec des relations simples (=, > ou >>) ordonnées dans l’ordre décroissant d’importance. Par exemple, si la face A est décrite comme BOU > POL >> BRUT, cela signifie que le bouchardage occupe la majeure partie de la surface, que le polissage est présent mais moins couvrant que le bouchardage et que ces deux techniques combinées n’ont pas fait entièrement disparaître des plages brutes, qui sont néanmoins très marginales. Ce type de description, bien qu’il soit relatif, permet d’apprécier l’aspect de surface de l’objet achevé tel que les néolithiques l’ont voulu.

• Est ensuite décrit le polissage éventuel, pour chaque surface, avec en particulier la reconnaissance des facettes et de leur morphologie, ainsi que l’orientation des stries (longitudinale, transversale, inclinée ou combinée) et leur agencement.

• La morphologie générale de l’objet est décrite par onze critères : la forme et la symétrie de la face (tranchant exclu), la forme des côtés vus de face, l’angle de convergence des côtés vus de face, la forme de la section transversale et de chacune des surfaces vues en section.

L’emmanchement décrit les traces afférentes : petites plages bouchardées sur les angles ou les côtés, différences de couleurs, présence de lustre, de traces de colle.

Le tranchant est décrit selon dix critères, afin de cerner au plus près les modifications entraînées par l’usage (cycle 3) : état général, présence de facettes de réaffûtage, forme et position du fil vu de front, lien entre le fil et les côtés de la lame polie, symétrie de profil et de face, forme du fil vu de face, localisation des éventuels lustres et stries d’usage.

Les questions de cassure et de reprises (cycle 4) sont abordées pour chaque partie (proximale, mésiale et distale) : intensité et forme de la cassure, description des reprises de façonnage.

La morphométrie. Seules quatre dimensions sont mesurées : la longueur, la largeur et l’épaisseur actuelles, prises dans leurs valeurs maximales, et la longueur de la flèche. Pour les trois premières sont estimées les valeurs d’origine de l’objet, selon trois seuils : = quand la mesure correspond à la valeur d’origine ; +- quand de petites reprises visibles (repoli du tranchant, par exemple, ou esquillures) ont pu diminuer la valeur dans une fourchette de un millimètre ; > quand les cassures, reprises et autres altérations perceptibles n’ont pas amputé l’objet de plus d’un centimètre de ses dimensions ; >> quand les altérations peuvent être estimées à plus d’un centimètre et ne sont pas quantifiables, donc quand la valeur d’origine de la mesure ne peut être connue. La masse actuelle de l’objet est également indiquée.

Les percutants sont décrits de manière simplifiée. Outre les informations extrinsèques et la description pétrographique identiques à celle des lames de hache, sont indiqués :

le type de support, l’emplacement des zones percutantes, la présence de zones percutantes déprimées (concaves), l’aspect des zones de percussion (fin, grossier), la présence de cassures, la forme générale de l’objet. Pour les lames de hache ou fragments réutilisés comme percutants, sont décrites les éventuelles plages polies subsistantes.

Les données morphométriques comprennent les longueur, largeur et épaisseur maximale, ainsi que la masse.