3. En parallèle, développement de la micro-informatique et des technologies de l’Internet.

Durant cette décennie, les micro-ordinateurs deviennent de plus en plus performants, leur prix diminue et leur usage s’étend. La capacité augmente, la puissance de calcul aussi. En 1983, Microsoft fait la démonstration de son ’Interface Manager’ appelée plus tard Windows, fortement inspirée du système développé par Apple. Les écrans acceptent désormais la couleur et le micro-ordinateur devient un outil progressivement incontournable dans le monde du travail y compris dans les entreprises de presse. Dans ce cadre précis, l’introduction de l’ordinateur, en dehors des usages administratifs qui en sont faits, révolutionne la chaîne de production depuis la composition jusqu’à l’impression en passant par le montage des pages et la photogravure⁵⁹. Parallèlement à ce développement de la micro-informatique, les technologies de la connexion et des réseaux progressent aussi à grands pas.

En 1983, le réseau ARPAnet adopte le protocole de communication TCP / IP (Transmission Control Protocol / Interconnexion Protocol) qui permet à tous les ordinateurs de bénéficier d’un système de connexion unique. Cette adoption de fait (par opposition à un standard de droit que constitue toute norme internationale) témoigne, selon Françoise Hérès Renzetti, de :

‘« la vision de la communication des informaticiens au sens qu’il [TCP/IP] masque les moyens de la communication. L’ordinateur émet un ordre, - l’envoi d’un paquet sans se soucier du “routage” (de l’art de trouver une route pour aller de la “Machine A” à la “Machine B”)... »⁶⁰ ’

Cette même année, des chercheurs de l’université du Wisconsin travaillent sur le système des noms de domaine Internet⁶¹.

Au niveau des logiciels, l’année 1990 voit l’invention du langage HTML (Hypertext Markup Langage) par Tim Berners-Lee et les chercheurs du CERN, qui emploie l’expression ’World Wide Web’ pour décrire le projet hypertexte. Ce standard sera opérationnel dès le 17 mai 1991.

Après la période d’exploitation du réseau ARPAnet réservée aux militaires et aux chercheurs, et après de multiples scissions, c’est le réseau NSFNET de la National Science Foundation qui constitue l’épine dorsale du réseau des réseaux appelé Internet (Inter Network)⁶². Ce dernier s’ouvre rapidement au public.

Par ailleurs, les réseaux propriétaires⁶³ Compuserve, AOL et Prodigy connaissent un réel succès puisqu’en 1993, ils comptent 3,9 millions d’abonnés dans le monde⁶⁴. Tous se positionnent par rapport à Internet et justifient leur existence en revendiquant une offre maîtrisée de contenus, (le Web est généralement présenté comme une jungle où il est nécessaire d’être initié pour s’y aventurer) et une plus grande convivialité. Mais aucun d’entre eux ne peut se passer d’offrir dans le cadre des services proposés, une passerelle, un accès à Internet. permettant à leurs abonnés de bénéficier de services tels que messagerie, newsgroup, telnet, ftp et gopher⁶⁵.