1. Nouveaux systèmes éditoriaux

1.1 Le règne des écrans et des réseaux

Depuis l’introduction de l’informatique dans les salles de rédaction, on ne cesse de s’interroger sur les investissements à réaliser en matière d’équipement (machines, système de gestion des réseaux, logiciels spécifiques, etc.). Loin de constituer une décision anodine, le choix de tel matériel plutôt que tel autre peut se révéler lourd de conséquences.

‘« Un système éditorial est un outil de production sophistiqué, mais c’est plus encore. Par sa configuration, il détermine l’organisation des équipes du journal, le produit lui-même et son développement futur, il intervient dans la culture de l’entreprise [...] Il suffit de suivre son parcours [celui de l’information] dans le circuit de fabrication d’un titre pour faire basculer les uns après les autres les postes de collecte, de gestion ou de production dans l’informatique. Saisie, gestion, mise en forme, recherches, transferts, statistiques, organisation, rien n’échappe aux logiciels intégrés sur les systèmes éditoriaux. »118

Faut-il choisir QPS (Quark Publishing System) comme Libération et Nice-Matin pour sa compatibilité avec le logiciel de mise en page Xpress, la saisie directe des textes par les rédacteurs dans des formes pré-maquettées et sa capacité de gestion simultanée de 150 utilisateurs ? Ou faut-il lui préférer Q-edit choisi par Ouest-France et Le Républicain Lorrain pour son système de mise en page automatique des annonces et pour sa très grande modularité ? Pour Kerry J. Northrup, l’incontournable expert en système rédactionnel pour l’IFRA :

‘« désormais, la salle de rédaction c’est le réseau. La salle de rédaction du XXIè siècle doit assurer une distribution de l’information fondée sur la collaboration. » 119

Si les potentialités de ces différents systèmes sont énormes, leur sous-exploitation ne l’est pas moins. Kerry J. Northrup poursuit son analyse et note que « les salles de rédaction ont passé vingt-cinq ans à tenter de devenir numériques en mettant des ordinateurs sur tous les bureaux, ordinateurs que les journalistes utilisent comme des machines à écrire améliorées »120. L’inertie des professionnels n’est pas seule en cause. Il faut évoquer les compétences nouvelles à acquérir de la part des journalistes, rédacteurs, secrétaires de rédaction, maquettistes, monteurs en page, documentalistes, infographistes pour lesquels des formations toujours rapides et coûteuses ne sont pas systématiquement envisagées...

Notes
118.

Dossier « Systèmes éditoriaux » réalisé par Philippe GODARD, L’Echo de la Presse, op. cit., p. 35

119.

ibid., p. 41

120.

Propos cités dans le dossier de l’Écho de la Presse sur les « Systèmes éditoriaux », op. cit ., p. 40