4.1 Le papier fragilisé

Plusieurs articles l’affirment, avec le développement de l’Internet, la concurrence menace sur plusieurs fronts, déséquilibrant les entreprises qui vivent du papier. Le personnel s’inquiète des fortunes englouties dans les sites Web dont la viabilité demeure fort incertaine. Libération parle de « frustrations et d’inquiétudes dans les rédactions américaines » et cite les propos de Larry Prior ex-rédacteur en chef de l’édition en ligne du Los Angeles Times :

‘« ...quand un site Web est lancé, l’argent a toutes les chances d’avoir été ponctionné sur la rédaction de la version papier. On comprend que les journalistes puissent percevoir le Web comme leur ennemi. »¹⁴⁵ ’

L’article fait état de la rancoeur des journalistes des rédactions des journaux imprimés qui assistent, impuissants, au dépouillement de leur outil de travail alors qu’ils seraient nombreux à ne pas disposer d’un accès au réseau Internet¹⁴⁶. Au sentiment d’être mis en danger et tenu à l’écart des choix stratégiques et des évolutions technologiques décidés par leurs dirigeants, s’ajoute la fragilisation des rédactions en forces humaines. Selon le témoignage de Michael Phillips du Pionneer Press, à Minneapolis :

‘« la rédaction remarque surtout que les plus jeunes, les plus beaux et les plus intelligents ont été débauchés pour travailler sur la version online ! »¹⁴⁷ ’

Rancoeur, inquiétude, incompréhension apparaissent clairement dans les articles malgré le vacarme assourdissant des discours promotionnels sur la société de l’information. Il faut cependant se garder de toute généralisation simplificatrice et considérer la variété des situations. Une diversité qui apparaît rapidement à la lecture de la presse, et qui peut contribuer à créer un peu de confusion.