Malgré l’extrême diversité des sites qui composent notre corpus, trois ensembles distincts apparaissent nettement, permettant d’ébaucher une première typologie que la suite du travail devra bien évidemment affiner et nuancer. Pour créer nos ensembles, nous avons calculé le total de valeurs positives obtenues par chaque page d’accueil sur les différents points de notre grille d’observation (à l’exception bien sûr des problèmes rencontrés au niveau technique ou des questions de compréhension). Puis, nous avons classé les sites par ordre croissant335. Les totaux de points obtenus vont de 2 à 23. Nous avons ensuite créé des regroupements en fonction des résultats obtenus, déterminant des tranches selon ce que les totaux nous indiquaient en termes d’offre (de 2 à 9 points, de 10 à 15 points et de 16 à 23 points).
Ainsi, le premier ensemble correspond aux journaux qui obtiennent les plus mauvais scores. Leur page d’accueil présente le plus souvent une information sans aucune valeur ajoutée, généralement reprise à l’identique de l’imprimé, sans aucun effort de mise en forme et d’organisation, parfois proche d’un listing de dépêches... Totalisant de 2 à 9 points, ces pages représentent 40% de l’ensemble de notre corpus.
Le second ensemble comprend les journaux qui aimeraient tirer quelques revenus, mais qui n’ont pas ou ne se donnent pas les moyens d’y parvenir. Tous proposent des rubriques « archives » ou PA, la possibilité de contacts et disposent d’espaces publicitaires en page d’accueil. Tous exploitent le contenu du média d’origine ; les seules créations prennent la forme de dossiers qui restent accessibles plusieurs mois sans qu’aucun changement n’y soit apporté. La mise en forme est soit très simple, soit mal maîtrisée et anarchique, l’hypertexte sert à structurer une arborescence sans originalité. Les pages d’accueil de ce groupe totalisent entre 10 et 15 points et représentent 52% du corpus...
Le troisième groupe est le plus intéressant. Ici, la recherche de la performance et des revenus qui doivent s’y associer semble primordiale. C’est dans ce groupe que nous situons les journaux proposant une actualisation des informations plusieurs fois par jour et des services extrêmement spécifiques grâce à des partenariats conclus avec des prestataires spécialisés, extérieurs à l’entreprise de presse. Tout en revendiquant leur filiation avec le média à l’origine du site (en général un journal de la presse imprimée) sans pour autant l’afficher avec insistance, ils peuvent proposer un contenu en partie différent et complémentaire. La mise en forme est efficace, maîtrisée, les liens hypertextes organisent et surtout enrichissent l’information, établissant des relais sur les archives, les sources, etc. On trouve dans cet ensemble, les pages ayant obtenu un total de valeurs positives compris entre 16 et 23. Ce groupe représente seulement 8% du corpus de pages d’accueil retenues pour ce travail d’observation et d’analyse. Précisons que plus des trois quarts des sites de cet ensemble sont situés en Amérique du Nord. (Pour avoir une perspective d’ensemble de la « répartition des sites par catégorie et par continent », voir l’histogramme ci-après).
Il faudrait ajouter à ces trois ensembles un quatrième groupe correspondant aux journaux qui par manque de maturité tombent dans divers pièges : publicités et animations en trop grand nombre ce qui nuit à la lisibilité déjà malaisée sur écran, informations ciblées, mises en pages pensées pour satisfaire un public jeune et féru de technologie informatique (écrans pouvant être divisés en 4 ou 5 frames, accès impossible sans le téléchargement de plusieurs logiciels, pages trop lourdes en images et animations, quasi-impossibles à afficher, etc.). Ce dernier ensemble est absent de notre corpus de pages d’accueil étudiées à partir de la grille d’observation que nous avons établie, du fait des problèmes de téléchargement que génère la surenchère technologique. Nous avons cependant pu établir son existence au cours de nos recherches sans pouvoir en évaluer l’importance réelle.
Quelle que soit la représentativité de ce dernier ensemble de sites Web, il fait couler beaucoup d’encre parce que leurs éditeurs se risquent à expérimenter de nouvelles configurations. Nous gardant d’accorder trop d’attention aux expériences souvent excessives et éphémères de certains éditeurs, nous nous intéresserons de préférence aux sites du troisième. Ces derniers, bien que représentant à peine plus de 8% de notre corpus, pourraient bien montrer la voie aux autres, travaillant à exploiter au mieux ce nouveau moyen d’éditer des informations (et pas seulement des informations) qu’est le Web. Remarquons toutefois qu’au sein de ce troisième ensemble, nous ne considérons pas forcément les sites ayant obtenus les totaux les plus élevés comme les plus intéressants. En effet, il faut rappeler que certains des points observés se sont avérés parfois moins positifs que nous ne le pensions initialement. Nous avons constaté notamment que la présence d’animations graphiques ou de précisions techniques pouvaient parfois témoigner d’un manque de réflexion ou de maîtrise de l’espace éditorial fondamental que constitue la page d’accueil d’un site Web.
Voir en annexe 7, le classement des sites en fonction du total de valeurs positives obtenues lors de l’observation.