b) Clavier et souris : périphériques de manipulation

Ces outils, d’apparition plus ou moins récente (si l’écran est bien antérieur au développement de l’informatique, la souris n’existe que depuis les années 60, popularisée réellement dans les années 80) et désormais normalisés (même si leurs formes peuvent encore évoluer) sont tellement communs que l’on oublie qu’ils sont aussi des vecteurs d’intentions, de valeurs incorporées. En référence à Georges Perec³⁵³, Emmanuël Souchier évoque l’objet « “infra-ordinaire” qui modèle inconsciemment notre espace mental à force de banalité »³⁵⁴. Comme le souligne Daniel Thierry,

‘« L’écran, le clavier, la souris et encore bien d’autres “instruments” ont appris à se faire accepter, ils ont si bien réussi à se faire apprivoiser que l’on étudie “l’information en ligne” en oubliant de mentionner les verres teintés à travers lesquels nous les observons. »³⁵⁵ ’

En accord avec ces chercheurs, nous nous opposons par conséquent à la pensée de Divina Frau-Meigs qui affirme que l’usager perçoit les intentionalités intégrées à la forme matérielle des objets qu’il manipule.

‘« L’utilisateur sent qu’il est guidé par une intentionnalité instancée, incarnée par un autre sujet, le sujet-designer, qui s’inscrit dans la forme et le format de l’écran, [...] mais aussi dans les outils de contrôle de la machine (la télécommande, la souris, les boutons de réglage ».³⁵⁶ ’

Bien entendu, notre opposition demeure intuitive nécessiterait d’être validée par des études sur les usages évaluant le niveau de conscience des utilisateurs concernant le rôle joué par les outils qu’ils manipulent dans leur perception des contenus. Ce type de recherche n’étant pas envisageable en ce qui nous concerne, nous préférons nous recentrer sur l’étude des fonctionalités de ces objets qu’il convient tout d’abord de distinguer.