d) Le tableau : structure invisible des pages Web

Un peu comme un approfondissement de ce qui vient d’être dit concernant le format des pages Web, la question de la structure interne de ces pages nous intéresse. En PAO⁴³⁸ déjà, l’infographiste construit ses mises en page à partir de grilles, invisibles sur le document imprimé, qui lui servent de repères et stabilisent sa construction⁴³⁹. Comme une déclinaison de ces fameuses grilles de mises en page, les tableaux sont à la base de la construction de pages Web. L’explication de cet état de fait est à chercher de côté des caractéristiques du langage HTML. En effet, une fois le format de page délimité, il faut créer un tableau, voire plusieurs imbriqués, pour que le texte ne se déroule pas sur de longues lignes peu lisibles. Ce sont les cellules du tableau qui permettent de travailler le texte en colonnes, qui créent différents espaces de discours et que l’on peut gérer de façon autonome. Certains logiciels d’édition Web créent automatiquement ces tableaux invisibles, véritable ossature de la page. Les pages Web sont-elles pour autant condamnées à la rigueur graphique extrême d’une construction tabulaire ? Il suffit d’aller rendre une petite visite sur certains sites expérimentaux⁴⁴⁰ pour comprendre que non même si certains créateurs sont obligés d’avoir recours à des astuces pour obtenir les effets qu’ils désirent.

Du tableau, élément fondamental de la page Web est né ce que d’aucuns considèrent comme une spécificité du multimédia d’une façon générale, c’est-à-dire « les partitions d’écrans »⁴⁴¹. On évoque aussi souvent le multi-fenêtrage, manifestation évidente car visuellement présente à l’écran, de cette construction tabulaire. Il se pourrait donc que la fragmentation, la non-linéarité ne soient pas seulement le fait de l’hypertextualité mais qu’elles aient partie liée avec les modes de construction graphique des pages Web.