f) Le rapport à l’image

On sait les liens qui unissent les images et la presse depuis que l’on connaît le moyen de les reproduire industriellement (gravures puis photographies). On sait que peu de journaux quotidiens résistent à la séduction et au pouvoir de l’illustration, aujourd’hui essentiellement photographique. Nous ne reviendrons pas sur ces questions. Nous les abordons dans la partie suivante de notre travail, alors que nous analysons l’usage qui en est fait dans les sites la presse en ligne de notre corpus. Parce que les différents médias ont habitué leurs publics à une fréquentation toujours accrue des images, il appartient à qui veut créer un journal en ligne de considérer leur importance pour la crédibilité de ce qui est développé, pour le succès commercial du titre, etc...). Par ailleurs, si comme il est courant de l’entendre, notre civilisation est bien celle de l’image, le Web est ses promesses en matière de multimodalité, d’animation et d’interactivité ne peut raisonnablement envisager de s’en passer.

Le monde de l’impression travaille sur des définitions d’image importantes de l’ordre de 300 dpi (dot per inch soit 300 points par pouce). En deçà de ce type de valeurs, les résultats sont médiocres. Pour éditer des images sur le Web, il faut radicalement changer de perspective. Les images numérisées, comme tout fichier informatique, pèsent un certain poids (en kilo octets) qui dépend notamment de leur définition. Or, le poids est un handicap sur le Web, puisque ce paramètre influe de façon importante sur la rapidité des transferts de fichiers sur le réseau. C’est ici qu’interviennent les formats d’enregistrement qui proposent des systèmes de compression plus ou moins performants, plus ou moins adéquats (on n’utilise pas les mêmes formats d’enregistrement selon que l’on travaille une image photographique ou un dessin au trait, sans dégradé de couleurs)... Les images diffusées sur le Web sont donc souvent de petite taille, définies sur la base de 72 dpi, ce qui est suffisant pour un affichage sur écran mais totalement inexploitables en impression. Cela permet notamment aux banques d’images de mettre leur fonds en ligne sans craindre d’utilisation abusive, sauf peut-être sur le Net !... Autre différence, qui va toujours dans le sens d’un allègement du « poids » des images ou de la taille des fichiers : elle tient dans le système de séparation des couleurs qui régit l’un ou l’autre type d’édition. En impression, l’image est séparée en quatre couches qui correspondent aux trois couleurs primaires plus le noir (on parle de CMJN pour Cyan, Majenta, Jaune, Noir). L’image sur le Web sera traitée comme l’image de télévision, sur le principe de la synthèse additive des trois couleurs de l’audiovisuel (on parle alors de RVB pour Rouge, Vert, Bleu). Le résultat est moins défini mais plus léger pour circuler sur les réseaux.

Le dispositif impose donc aux concepteurs des journaux électroniques de ne pas ré-exploiter les images de l’édition imprimée sans modification significative de leur forme. Les metteurs en forme de la presse en ligne sont confrontés à un problème important... Quelles illustrations de l’actualité peuvent-ils proposer alors que la surface de l’écran, incomparablement plus petite que la page du journal quotidien est en plus, partiellement occupée par de la publicité et la signalétique permettant de se repérer dans le site ? Quelles images choisir alors que leur nombre et leur taille peuvent devenir des handicaps à la consultation (affichage trop lent) ?