Albe a deux mois quand débute le roman, et en aura entre vingt et trente lorsqu’il s’achève. Elle naît dans une famille composée d’un père représentant en assurance, peintre amateur, qui va connaître un retournement favorable dans son activité professionnelle lorsqu’il décidera de ne se consacrer qu’à la peinture, et d’une mère lectrice de manuscrits dans une petite maison d’édition, elle-même écrivain amateur. Les parents d’Albe sont ainsi présentés par Bobin : « ‘un peintre qui n’expose plus, un écrivain qui ne publie pas. Pour Albe, il reste très peu de choses, très peu de choix’ ».278 Au fur et à mesure que le temps passe et qu’Albe grandit, le couple se désagrège. Le père devient un peintre célèbre, la mère distante et lointaine avec lui. Un jour, alors qu’Albe a sept ans, elle se tue dans un accident de voiture au cours d’une de ses escapades. Ce drame clôt la première partie de l’enfance d’Albe. Le récit va ensuite mettre l’accent sur ses années d’adolescence et sur les débuts de sa vie de jeune fille. Elève plutôt douée pour la littérature, elle entre en faculté de Lettres, poursuivre des études qu’elle n’achèvera pas. Pour subvenir à ses besoins, elle ouvre un centre culturel, qu’elle dirige avec succès quelques temps avant de l’abandonner pour cause de désintérêt. Elle se contente alors d’accompagner son père lors des expositions de peinture qu’il effectue dans divers villes et pays d’Europe. Lors d’un déplacement, elle rencontre un homme, qui va devenir son amant. Avant la fin du roman, il la quitte en lui laissant quelques indications (une lettre, une clé) pour qu’elle le retrouve un jour, quand elle sera « prête » à le revoir.
C. Bobin, La Femme à venir, Gallimard, 1990, p. 18