Si les femmes exercent une activité professionnelle, elles sont généralement secrétaires (Eglantine dans sa jeunesse299, Lise300 à la suite de son divorce). Ces métiers ne les intéressent pas, pas plus qu’ils ne les épanouissent : elles les subissent plutôt. Il n’est fait le portrait d’aucune femme carriériste ou prise par son travail. Dans tous les cas, la profession exercé par les personnages féminins est « alimentaire » et s’envisage comme une période aussi pénible qu’incontournable.
Les fonctionnaires et enseignants sont toujours des hommes dans ces romans, que l’auteur assortit de qualités physiques et morales peu flatteuses. Il semble qu’une règle implicite dote chaque individu masculin n’ayant pas la chance d’être l’Amant d’une série de caractéristiques disgracieuses : ainsi dans La Femme à venir, un amant de passage de l’héroïne est présenté comme « ‘un petit homme triste. [...] Caissier principal dans une banque,’ marié, ’pas encore d’enfant mais des vacances aux Seychelles tous les ans’ »301. Les enseignants, en revanche, sont moins malmenés par l’auteur, à la condition que leur domaine de compétence concerne des matières artistiques ou littéraires : Guillaume302, l’ami taciturne d’Albe, donne des leçons de piano, le premier amant d’Albe303 est un professeur de français, et Lucie304 apprécie beaucoup les cours de français que dispense son professeur lorsqu’elle est en pensionnat. Néanmoins, ce n’est pas dans cette catégorie que les trois héroïnes vont trouver leur Amant, le passage chez les hommes d’un statut de père et mari à celui d’amant étant absolument impensable.
C. Bobin, Isabelle Bruges, op. cit.
C. Bobin, La Femme à venir, op. cit.
C. Bobin, La Femme à venir, op. cit., p. 98
C. Bobin, La Femme à venir, op. cit.
C. Bobin, La Femme à venir, op. cit.
C. Bobin, La Folle Allure, op. cit.