6. Pour une vision dynamique de l’expérience de réception

Nous posons que la familiarité avec le monde du texte peut venir d’une familiarisation de la part du lecteur. Sans cette hypothèse d’un possible apprentissage au cours des lectures, on en reste à une théorie mécanique de l’acte de lecture : l’adéquation entre les schèmes d’interprétation du texte et du lecteur n’est alors qu’une variante de l’adéquation que l’on présupposait avant entre certains milieux sociaux et certains types de textes. La tâche d’étudier les expériences de réception se complique donc par cette idée d’un apprentissage au cours de la lecture, d’une familiarisation avec des schèmes différents, d’une réactivation de schèmes connus mais ‘en sommeil’, voire d’une franche découverte et acquisitions de schèmes d’interprétation nouveaux pour le lecteur.

Nous aboutissons à la construction d’une vision de l’acte de lecture beaucoup plus souple et labile que celle consistant, finalement à rapporter une fois encore un type de lectorat à un genre littéraire (par adéquation postulée des schèmes d’interprétation). Du point de vue des traits pertinents, et avec toutes les réserves émises, nous souhaitons conserver d’une part les notions de fonctions et usages des textes, et d’autre part celle de schème d’appréciation et d’interprétation des textes. Il s’agira donc de déceler dans les discours de lecteurs en quoi ces schèmes mis en oeuvre avec les textes de Bobin, et s’ils ne varient pas d’un texte à l’autre, d’un moment de lecture à un autre, et également de reconstruire les usages et fonctions des textes se profilant sous les discours et répertoriés par les enquêtés comme relevant de « l’évasion » ou du « divertissement ».