Les sorties du cadre littéraire de l’explication de texte

La particularité des exercices scolaires portant sur l’apprentissage de la langue (au primaire) réside pour B. Lahire, dans le rapport « passif » qui est exigé auprès des élèves : « ‘lorsqu’on demande aux élèves de manipuler ces propositions, on ne fait pas appel à leur compréhension responsive-active d’une situation mais à leur compréhension passive d’un langage objet. Qu’on « parle » de « chat », de camion ou de guerre n’a pas d’importance particulière. Tout est concentré dans la manipulation et dans les réflexions grammaticalo-orthographiques ou lexicales qu’elle prépare. [...] Les exercices scolaires sur la langue interdisent toute attitude responsive-active et focalisent l’attention sur les structures du langage.’ 379».

Rapport responsif-actif et compréhension passive renvoient à la terminologie mise en place par Bakthine380, et distinguent pour le premier la possibilité pour le locuteur d’une réponse en fonction de l’énoncé d’autrui, et une absence de possibilité de réponse pour le second (parce qu’il s’agit d’une proposition ne se rapportant pas à un énoncé extra-verbal). Pour le cas de l’étude du Très-Bas, on constate que l’enseignant effectue plusieurs « sorties » du cadre d’explication de texte pour demander aux élèves d’avoir un rapport responsif-actif, autrement dit d’éprouver la validité des assertions contenues dans les textes et mis en évidence au moyen d’outils rhétorique.

Notes
379.

B. Lahire, Culture écrite et inégalités scolaires. Sociologie de ‘l’échec scolaire’ à l’école primaire, PUL, 1993 p. 133

380.

M. Bakthine, esthétique de la création verbale, Paris, Gallimard, 1984