Tableaux des impressions générales des lycéens

1) Impressions positives de réception : 4 lycéens
prénom Impressions lecture
1 Céline Bonne :
« Et bien moi j’ai bien aimé, parce que je trouve ça beau, les phrases qu’il dit, c’est beau. Même si, je n’ai pas tout compris, je trouve un petit peu dur tout ce qu’il écrit. Mais c’est beau. »
2 Tristan Bonne :
« Je ne m’attendais pas du tout à ça. Mais finalement j’ai bien aimé, même si c’est, à la première lecture, assez dur à comprendre. »
3 Aurélie Bonne :
« J’ai bien aimé. Oui, c’est vrai que j’ai bien aimé. Et j’ai trouvé ça intéressant. »
4 Florence Bonne :
« C’était intéressant. C’était parfois poétique. Oui, j’ai bien aimé. »
2) Impressions de réception ambivalentes : 4 lycéens
1 Amandine Ambivalente :
« Je ne sais pas quoi en dire. Sinon que je ne me suis pas spécialement éclatée dans ce livre. Mais ouais, c’est pas mal. »
2 Anaïs ambivalente :
« Alors il y a des passages qui sont très bien, et y en a d’autres qui sont très longs, parce que, par exemple il prend des points et il les analyse et des fois c’est très long, je trouve. Mais il y a d’autres passages qui sont bien. »
3 Cyrille Ambivalente :
« C’est vrai que dans un cadre scolaire, j’ai trouvé sympa de découvrir un bouquin nouveau. Mais je n’ai pas trop l’habitude de lire de la poésie et ça m’a pas plus emballé que ça. Disons que je n’en lirai pas d’autres. Sauf si je suis obligé »
4 Julien Ambivalente :
« Je trouve ça bizarre. Parce que j’ai plutôt l’habitude de lire des romans, des trucs comme ça, ou des romans policiers. Ce genre de livres, c’est la première fois. Je vais dire, heureusement qu’il n’est pas plus long quoi. Sinon, je le jette par la fenêtre. Mais j’ai bien aimé. j’ai bien aimé en fait, c’est pas que j’ai pas aimé. C’est qu’au début ça m’a complètement énervé. Je sais pas, c’est le genre de bouquin, je sais pas, je ne m’attendais pas du tout à ça, »
3) Impressions de lecture négatives : 3 lycéens
1 Angélique Mauvaise :
« Je n’ai pas aimé du tout. Vraiment pas. C’était bien parce que c’était un livre de cours. Mais en fait, je n’ai pas trop compris, je crois. »
2 Nicolas Mauvaise :
« Ha non, vraiment, ça ne m’a pas plu du tout. Et je n’en relirai jamais. Ah non ! »
3 Aude mauvaise pour le Très-Bas, bonne pour Inespérée
« Non, Le Très-Bas, je n’ai pas trop aimé en fait. C’était religieux, et je n’aime pas trop ça. C’était une référence au Curé d’Ars, non ? Mais l’Inespérée, oui, j’avais bien aimé. Enfin, je ne m’en souviens pas trop »

L’élément qui frappe au regard des discours de réception lycéennes est la mise en avant d’une compréhension problématique du Très-Bas. Une seule élève, Florence déclare avoir trouvé la lecture de ce texte facile.

‘« En fait j’aime bien parce qu’il est très facile à lire, et il n’utilise pas un vocabulaire très compliqué, et j’aime bien ce qu’il dit, c’est assez réfléchi. Et puis on rentre très vite dans son jeu, quoi, en fait. [...] mais très facile à lire et puis on comprend tout. »’

Tous les autres relatent des difficultés de lecture, parfois suffisamment sérieuses pour qu’elles soient évoquées et rendent compte d’une réception douloureuse de ce texte. Lors des entretiens, ces lycéens avouent d’ailleurs assez rapidement et aisément leur incompréhension partielle du Très-Bas, nous assimilant peut-être à une sorte de substitut de l’enseignant. Tous avouent avoir « décroché » à certains moments, y compris ceux qui se placent dans une expérience positive de réception du Très-Bas. Ainsi, Aurélie qui dit avoir « bien aimé », a toutefois eu du mal comprendre certains passages : « ‘les histoires de licorne et de salamandre, là, je ne voyais pas bien où il voulait en venir ’». De même Céline (également une réception positive) : « ‘des fois, il part dans des trucs, l’auteur, il faut relire plusieurs fois pour bien comprendre, on ne sait pas bien où il va, où il veut en venir. C’est flou. » Ou encore Tristan : « J’ai bien aimé, quoi. Oui, autrement, c’est quand même à la première lecture, c’est assez dur à comprendre, je trouve. Enfin, moi, je relisais plusieurs fois les phrases que je ne comprenais pas, quoi, et puis je revenais en arrière, pour me rappeler les choses et tout, mais une fois qu’on a compris je trouve ça intéressant.’ »

Les problèmes de compréhension mettent essentiellement en avant le style autant que le contenu. L’impression dominante pour les élèves est que l’auteur n’est pas assez précis ni concret dans ses propos.

Par exemple Amandine. Elle se dit grande lectrice de romans, apprécie plus particulièrement les livres de John Irving, et relate ne pas pouvoir passer une semaine sans lire : « il faut toujours que j’ai des livres, sur ma table de chevet, des livres à lire bientôt ». Sa réception du Très-Bas est ambivalente. Lors du premier entretien, tantôt elle dit « ouais, j’ai bien aimé », tantôt elle rapporte une compréhension problématique :

‘« J’ai bien aimé, mais en fait, sans être passionnée vraiment par l’histoire, parce que, c’est pas très, il lui arrivait pas beaucoup de trucs dans sa vie. Enfin, je ne sais pas, y a des trucs que j’ai pas très bien compris, enfin, peut-être que je devrais le relire. Ce n’était pas assez concret enfin, il partait dans des trucs, des fois, non, mais j’étais un peu perdue. »’

Ce qui semble le plus gêner les élèves est l’absence de cadre narratif facilement reconnaissable. Pour certain, Le Très-Bas est davantage une suite de nouvelles sans lien les unes avec les autres, qu’un roman de la vie de François d’Assise. C’est le cas d’Angélique, dont la réception est négative. Elle se dit par ailleurs bonne lectrice, mais uniquement de science fiction. Son auteur favori est Stephen King, dont elle lit les romans les uns après les autres. Le premier entretien que nous avons fait avec elle s’est déroulé avant le début des explications de texte en classe à propos du Très-Bas. A ce moment, elle avoue n’avoir « rien compris » à ce livre.

‘« Je n’ai pas bien suivi, si c’était des nouvelles, si c’était une histoire. Il parle d’un saint, non ? Mais pas tout le temps. Et j’ai mis un de ces temps pour lire ce livre. C’était l’horreur. J’essayais de me motiver, je le prenais devant la télé, je me disais, allez, encore une page... Vraiment, la galère quoi. »’

Les difficultés à comprendre certains passages, voire l’intégralité du Très-Bas sont la constante la plus remarquable de toutes les expériences de réception lycéennes. A l’extrême, on peut citer le propos non sans humour et provocation de Nicolas : « Ben quand on lit ça, on se dit qu’il a fumé l’auteur, ce n’est pas possible ! ». Ces impressions s’opposent à celles de Denis, leur enseignant, qui lors de l’entretien ayant eu lieu avant le début des cours sur le Très-Bas, pensait que le texte ne posait en lui-même aucune difficulté de compréhension. On se souvient en effet qu’il voyait ce texte comme « facile à lire », parce que présentant des « évidences ». Une lecture à plat des réactions des élèves à propos du Très-Bas montre ainsi qu’on est loin du sentiment de lire des évidences.