Le bouleversement

Une des manières les plus récurrentes de qualifier l’ensemble des états ressentis à la lecture des premiers textes de Bobin consiste à utiliser les termes de bouleversements ou de choc. Un bouleversement qui s’accompagne parfois de pleurs, à l’image Julie (portrait n°3), employée de librairie qui se rappelle avoir versé quelques larmes devant la beauté des propos lus dans Le Très-Bas (voir le chapitre VI). Les pleurs sont exceptionnels, Julie est l’une des seules à les relater. Pour les autres, le registre des sentiments mobilisés lors de la lecture des premiers textes de Bobin reste dans l’ordre d’une émotion forte, qu’ils relatent avec plus ou moins de modération. Le verbe le plus communément employé est « toucher ». Les lecteurs se sentent « touchés » par cette prose qu’ils jugent à la fois juste et belle.

Enquêtés Citation
Armand, 60 ans professeur agrégé de français « Alors ça c’est vraiment une littérature qui me touche beaucoup.»
Christine, 40 ans professeur certifiée de français « A chaque fois que je lis Bobin, j’ai vraiment l’impression qu’il touche à des fibres, vraiment intimes. Ce qu’il dit, c’est l’essentiel pour moi , ça me va directement au coeur. »
Thierry, éditeur provincial
(portrait 9)
412
« Et tout de suite, Souveraineté du vide, c’était pour moi quelque chose de très fort , justement, par rapport à tout ce que j’ai pu dire tout à l’heure, parce qu’on sait très bien qu’il a une prose qui peut toucher tout le monde. Là c’est une façon belle, lorsqu’il écrit. »
John, employé de libraire
(portrait 12)
« Et puis là, donc tu prends une bonne baffe , avec tout ce qu’il dit. Ouais un grand choc .»
Aurélie, 17 ans, lycéenne « Alors, j’ai adoré [Le Très-Bas]. Ca fait réfléchir, c’est sûr. Il y a des choses super belles surtout sur les mères, les femmes et les enfants c’est très beau C’est superbe, il y a vraiment quelque chose, c’est magnifique, quand il parle de la première fois qu’on est mère et tout, c’est vraiment beau, vraiment, c’est, j’ai bien aimé. Ca m’a touchée. »
Céline, 16 ans, lycéenne « J’ai bien aimé [Le Très-Bas], je trouve ça beau . Les phrases qu’il a faites, je trouve ça beau, même si c’est vrai que je n’ai pas tout compris. Bon, je ne pourrais pas dire ce qu’il a voulu dire, mais quand je lisais, ça avait l’air évident, enfin j’avais l’impression d’être d’accord avec, de penser la même chose que lui . Je trouve que Bobin, il est vraiment au courant de ce qui se passe dans nous , dans la tête des gens quoi. »

Autre terme fort du registre de l’émotion : la séduction. Il est employé notamment par deux enquêtés :

Enquêtés Citation
Jean-Luc, séminariste (portrait 14) « le thème m’a beaucoup séduit, [le Très-Bas] cette espèce d’enracinement au niveau raz de terre, j’aime bien, enfin c’est-à-dire le très bas par rapport au très haut.»
Bertrand, prêtre
(portrait 13)
« Alors ça ça m’a beaucoup séduit , et puis, ce qui m’a beaucoup séduit aussi, c’est et, questionné, c’est par rapport à la femme, il en parle beaucoup. Donc j’ai lu Le Très bas. Qui m’a bien passionné, j’ai beaucoup aimé, et puis, j’ai lu La plus que vive, »

Notes
412.

En italique dans les tableaux : les enquêtés qui figurent dans les portraits