1.3.1 la classification génétique

La classification génétique nous amène à considérer le ’Stammbaum’ (l’arbre généalogique) – d’après la formule consacrée par le romaniste Schuchardt (Posner, 1996) – des LR.

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Figure 1 : Arbre généalogique (schématique) de la famille romane (d’après Ruhlen, 1987).

Assumant une origine commune, le Stammbaum cherche à mettre en évidence à la fois les relations de parenté mère/filles des langues, et les rapports syntagmatiques, de proximité entre les descendants linguistiques. Cette classification est traditionnellement fondée sur les mutations spécifiques opérées au sein du système latin dans les deux zones de la Romania2, notamment sur la perte d’opposition de quantité en latin, innovation ayant affecté l’Occident romanisé, mais isolant les zones déjà démarquées par des développements régionaux spécifiques, comme le sarde, le roumain et les variétés italiennes du sud du pays. Ultérieurement, des critères supplémentaires de nature morpho-syntaxique (Trager, 1934), mais aussi de nature phonétique, liés aux changements vocaliques et/ou consonantiques ( Hall, cité par Posner, 1996) enrichissent la classification initiale et affinent la frontière linguistique.

La lexico-chronologie a rajouté des facteurs concernant l’inventaire lexical hérité du latin et appartenant au vocabulaire fondamental de toute langue. Ainsi, deux pôles ont pu être identifiés, constitués par le roumain et le français. Entre ces deux langues, se trouvent l’espagnol et le portugais, en tant que langues particulièrement ressemblantes et, en plus, proches du catalan, tandis que l’italien partage des traits communs avec le friulan. Par ailleurs, la communauté de traits entre le friulan et l’italien, sépare le friulan des autres variantes rhéto-romanes (pour les dernières mises à jour de approches en lexico-chronologie se référer à Embleton, 1986).

Cependant, la classification génétique largement acceptée et consacrée repose sur deux mutations linguistiques principales (von Wartburg, 1950). Ces mutations divisent l’Occident de l’Orient d’après une frontière virtuelle, déjà établie par Diez (1836-1843) et qui va de La Spezia à Rimini en raison de la présence de deux changements phonétiques : présence de –s final en Occident vs. perte en Orient, et présence vs. absence, respectivement, du consonantisme voisé en position inter-vocalique dans les mêmes régions. L’exception à la règle est faite par le sarde qui représente un isolat linguistique au sein de la romanité, dans la mesure où il conserve à la fois des traits occidentaux et orientaux.

Notes
2.

La dénomination de Romania est répandue dans les études des romanistes et définit l’espace géographique européen qui correspond au territoire du défunt Empire Romain où l’on utilise un parler néo-latin.