3.4.1.5 Discussion

Arrivés au terme du sous-chapitre consacré aux sujets français, nous sommes en mesure de résumer ci-dessous une première série de stratégies perceptives, révélées par le paradigme expérimental que nous avons adopté. Tout d’abord, ce paradigme nous a permis d’estimer l’apprentissage que les sujets français ont eu de chacune des langues romanes. Ainsi, les connaissances préalables permettent d’établir deux groupes linguistiques qui se différencient selon le trait [+/- connu]. Les trait [+ connu] est caractéristique des trois langues suivantes : le français, l’espagnol et l’italien. En revanche, le roumain et le portugais doivent être caractérisés du trait [- connu].

Ensuite, nous avons analysé la proximité perceptive de chaque langue par rapport aux quatre autres langues restantes. Le français a bénéficié, bien évidemment, d’un traitement privilégié, suivi par l’espagnol et l’italien qui n’ont pas été différemment traités dans la tâche de discrimination des stimuli qui comportait l’une des deux langues. La dernière place a été occupée par les langues quasi-inconnues, à savoir le portugais et le roumain.

La meilleure représentation aussi bien des connaissances que des stratégies perceptives mises en oeuvre par les Français a été révélée par la MDS. Au travers de l’interprétation des trois principales dimensions, trois stratégies perceptives ont pu être décelées.

La première dimension correspondrait au trait [+/- langue maternelle]. La seconde dimension correspondrait à l’apprentissage antérieur des langues néo-latines, et donc pourrait être associée au facteur [+/- familiarité]. Nous avons également avancé l’hypothèse d’une explication proprement linguistique selon laquelle la seconde dimension pourrait être interprétée comme représentant la complexité des systèmes vocaliques. Cependant, nous ne sommes pas en possession d’éléments suffisants permettant de valider cette hypothèse. Enfin, la troisième dimension réaffirme l’importance du facteur de la familiarité dans le choix des stratégies perceptives.

En conclusion, cette première population utilise des stratégies perceptives qui sont fondées principalement sur des critères de nature générale non-linguistique, à savoir sa langue maternelle et ses connaissances antérieures sur les langues du monde. Un critère linguistique potentiel qui pourrait être à la base de leurs jugements serait associé au vocalisme des cinq langues néo-latines. Cette hypothèse est renforcée par les indices notés par les auditeurs lors de la phase d’évaluation qui a suivi le test.

Nous allons poursuivre notre analyse avec la prise en considération des résultats d’une seconde population dont la langue maternelle est une langue romane, la population roumaine.