3.4.4.4.4 Analyse globale des RT par stimulus

Une image plus générale de la magnitude des RT en fonction des stimuli de test est donnée par le calcul du RT moyen par type d’item AA et AB37. Le graphe ci-dessous met en évidence ces effets.

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Figure 35 : Les RT totaux pour les stimuli de type ’même langue’ (AA) et ’langues différentes’ (AB).

Pour les RT correspondant aux stimuli de type AA, le rôle des connaissances linguistiques antérieures est encore une fois mis en évidence par la durée réduite obtenue pour les paires de langues Espagnol/Espagnol, Français/Français. Cette durée est plus importante pour la paire Roumain/Roumain. Les différences statistiquement significatives concernent la paire Portugais/Portugais par rapport aux paires Espagnol/Espagnol (t=2.395, p=0.0271), Français/Français (t=2.599, p=0.0175) et la paire Italien/Italien par rapport aux paires Espagnol/Espagnol (t=3.149, p=0.0053) et Français/Français (t=2.297, p=0.0332).

En revanche, les stimuli de type AB mettent en évidence des effets plus nuancés.

Ainsi, la paire de langues Espagnol/Italien, mal distinguée comme nous avons pu le voir précédemment, est l’une des paires ayant requis des RT plus réduits. Les différences sont significatives par rapport aux autres stimuli, à savoir Portugais/Français (t=2.487, p=0.0224), Roumain/Français (t=2.198, p=0.0406), Espagnol/Roumain (t=2.134, p=0.0461), Roumain/Italien (t=2.916, p=0.0089), Portugais/Espagnol (t=3.232, p=0.0044) et Portugais/Roumain (t=3.321, p=0.0036). Cet effet nous semble à nouveau contradictoire. En effet, nous avons pu noter dans la section 3.4.4.2. que la paire Espagnol/Italien avait été moins bien traitée que la quasi-majorité des stimuli et que les différences en termes de réussite étaient statistiquement significatives. Malgré cela, les données sur les RT suggèrent que les Américains ont eu besoin de très peu de temps pour prendre les décisions concernant le stimulus Espagnol/Italien.

Certains effets semblent être liés aux connaissances préalables des langues de l’expérience. Cela explique pourquoi les Américains ont besoin de plus de temps pour discriminer l’espagnol du portugais que l’espagnol du français (t=4.117, p=0.0006) ou encore, le portugais du roumain que l’espagnol du français (t=3.340, p=0.0034).

Des effets liés aux particularités linguistiques des idiomes sont également visibles. Par exemple, le portugais semble plus difficile à discriminer du français que l’espagnol (t=2.383, p=0.0278), ou encore, le roumain est plus proche du portugais que du français, d’où des RT significativement plus importants dans le premier cas de figure (t=2.800, p=0.0114).

Ces effets nous semblent liés au traits communs partagés par les langues en question. Nous avons pu aussi noter dans la section 3.4.4.2. que la discrimination du français par rapport au portugais a été difficile, alors que les autres paires comportant le français ont été correctement traitées en raison de la connaissance préalable de cet idiome. Ce fait semble être soutenu par la différence en termes de RT statistiquement significative en faveur du premier stimulus entre les paires Portugais/Français et Espagnol/Français (t=2,383, p=0.0278). En revanche, les latences plus importantes pour le traitement de la paire Portugais/Roumain par rapport à la paire Portugais/Français peuvent être le résultat des traits linguistiques partagés par le roumain et le portugais, mais également du caractère de langues plutôt mal connues de ces deux langues.

Notes
37.

Le calcul des moyennes des RT est le même que celui des taux de discrimination (voire sections 3.2. et 3.3.).