1.1.4.3. Le modèle ACT1 d’Anderson (1983, 1989, 1993)

Il a été développé à partir d’études sur l’acquisition d’habiletés cognitives. Dans une première version du modèle (1982, 1983, cité dans Anderson, 1989) la MDT sert d’espace mental pour l’acquisition d’habilités cognitives et astreint l’apprentissage à des règles de traitement séquentiel. Elle se caractérise par une quantité limitée d’activation se propageant dans un réseau d’éléments interconnectés (Anderson 1983, cité dans Carlson, Sullivan et Schneider, 1989). Ces éléments interconnectés correspondent à trois composantes: une mémoire à long terme déclarative sous forme de réseau où les noeuds peuvent avoir différents niveaux d’activation, une mémoire procédurale constituée de règles de production applicables, de manière automatique, aux situations rencontrées dans l’environnement et enfin, une mémoire de travail qui forme l’interface entre les deux précédentes composantes (figure 1.5.).

Ces composantes interagissent dans un espace de traitement unique où les opérations de stockage et de traitement se réalisent de manière coordonnée. Selon Carlson, Wenger, et Sullivan (1993), la coordination concerne à la fois les informations perceptives et mnésiques et implique un certain contrôle caractérisé par le déplacement de l’attention pour la sélection des différentes opérations de stockage et de traitement en interaction dans l’espace du système. Ce modèle constitue une référence pour les modèles envisageant la MDT comme une partie active de la MLT.

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Fig. 1.5. — Architecture générale du système de production ACT d’Anderson (1983, cité dans Gaonac’h et Larigauderie, 2000)

Dans la dernière version du modèle, baptisée ACT-R, Anderson (1993, cité dans Anderson, Reder et Lebiere, 1996) combine une conception traditionnelle de la MDT à une conception issue de la théorie des systèmes de production où la MDT comprend l’information déclarative disponible sur laquelle des règles de production opèrent. Ces règles de production correspondent aux connaissances procédurales. Ici, le concept d’activation est substitué à la notion d’espace limité, c’est-à-dire que les limites de stockage et de traitement traduites en termes d’espace limité sont remplacées par la notion de limite d’activation. Dans le modèle ACT-R, diverses traces en mémoire déclarative possèdent des niveaux différents d’activation qui déterminent la vitesse et la probabilité avec laquelle elles seront traitées par des règles de production. Ces connaissances déclaratives sont regroupées par «chunks». Le processus d’activation détermine la disponibilité et le degré d’association de ces informations en MDT. L’activation d’un «chunk» est la somme des sources d’activation reçues des éléments du focus attentionnel. De cette manière, il est possible de distinguer les éléments activés, les différentes sources d’activation et la force de l’association entre les éléments actifs. La capacité limitée de la MDT repose donc ici sur les capacités de récupération en MLT qui dépendent de l’attention génératrice de sources d’activation et de la force d’association des éléments activés (Anderson, Reder et Lebiere, 1996). La MDT n’est donc pas considérée comme une structure mais plutôt comme le produit de processus d’activation. Selon Anderson et coll. (1996), le rapprochement entre la limitation de sources d’activation du modèle ACT-R et la limitation des ressources de l’exécuteur central du modèle de Baddeley (1986) est tout à fait acceptable.

Notes
1.

Adaptative control of thought