1.1.4.6. Le modèle de Just et Carpenter (1992)

Suite aux travaux de Daneman et Carpenter (1980), Just et Carpenter (1992) ont étudié les différences individuelles dans la compréhension du langage en s’appuyant sur la notion de capacité limitée. Leur modèle ne comporte pas d’espaces de stockage à modalité spécifique car le maintien et le traitement de l’information reposent sur un mécanisme unique d’activation. Ici, la MDT est assimilée à l’exécuteur central du modèle de Baddeley (1986) où les mécanismes d’activation se substituent aux ressources pour assurer le maintien et le traitement de l’information. La capacité de la MDT correspond donc à la quantité maximale d’activation disponible. Les traitements sont réalisés à l’intérieur d’un système de production dans lequel les symboles sont manipulés par modification de leur niveau d’activation. Dans le modèle, une règle de production de type «condition-action» propage l’activation d’un élément à un autre. L’élément source détermine les conditions d’activation et l’élément final correspond à l’action. Les traitements sous-jacents à la compréhension sont considérés comme parallèles. Une opération de traitement peut donc être exécutée simultanément à une autre et générer des productions partielles.

Si la quantité d’activation disponible n’est pas suffisante pour assurer la propagation des informations, le niveau d’activation des éléments stockés et traités est réduit dans des proportions identiques pour satisfaire aux limites de la MDT. Cela a pour conséquence de ralentir les traitements (augmentation du nombre de cycles requis pour atteindre le niveau d’activation voulu) et de provoquer l’oubli d’une partie de l’information (production partielle maintenue temporairement). Ainsi, la vitesse et la qualité de la compréhension du langage dépendent de la capacité de la MDT pour le stockage et le traitement des informations. Just et Carpenter (1992) ont utilisé la tâche d’empan de lecture (§ 1.1.2) pour distinguer des sujets possédant un empan élevé ou faible. D’après le modèle, la différence d’empan s’explique par le fait que les sujets avec un empan élevé utilisent peu de ressources de traitement pour la compréhension. Cela leur permet, contrairement aux sujets avec un empan faible, de bénéficier de plus de ressources pour stocker les items. En définitive, ce modèle repose moins sur la notion d’architecture à modules fonctionnels distincts que sur une capacité limitée d’activation issue d’un pool unique de ressources.