1.4. Conclusion

Les modèles issus de la métaphore neurologique débouchent sur de nouvelles possibilités de modélisations connexionnistes du fonctionnement mnésique. Aujourd’hui, une part importante des données empiriques disponibles s’inscrivent néanmoins dans le cadre théorique proposé par Baddeley (1986), dont l’intérêt est de rester ouvert aux conceptions énergétiques tout en offrant une somme de connaissances importante sur le stockage à court terme de l’information verbale. Le caractère hybride du modèle de Baddeley intègre les notions d’activation et d’inhibition plus conformes à la réalité neurologique. Il permet d’envisager l’instance de contrôle en distinguant son rôle de réservoir de ressources et ses fonctions de planification pour la mise en oeuvre des opérations contrôlées. Une particularité de l’activité de MDT révélée par les études en neuropsychologie est le caractère modulaire du centre exécutif. Dans une perspective spatio-temporelle, cette conception non unitaire soulève la question du nombre de sous-systèmes requis pour le fonctionnement de la MDT. Elle paraît néanmoins compatible avec la métaphore énergétique qui modélise les capacités fonctionnelles spécifiques de la MDT non pas comme des pools de ressources différents, mais comme une ressource unique dont la limite coïncide avec les limites d’activation et d’inhibition du système face aux exigences de la tâche.

Plus généralement, Baddeley (1994) envisage la MDT comme un système de coordination et d’organisation des représentations issues des divers flux d’informations sensorielles, pouvant être assimilées à une propriété émergente capable d’influencer l’activité cognitive. Par exemple, la mise en évidence de l’implication de l’exécuteur central dans le contrôle de la production consciente de pensées non pertinentes chez des sujets dépressifs (Teasdale, Proctor, Llyod et Baddeley, 1993; Rapee, 1993 ; Teasdale, Dritschel,Taylor, Proctor, Llyod, Nimmo-smith, et Baddeley, 1995) atteste du fait qu’une activité contrôlée continue, qui requiert une focalisation de l’attention sur les traitements conscients, réduit considérablement la production des pensées non pertinentes. Cela suggère que la qualité de l’état mental ou du contenu de la conscience est en relation étroite avec l’activité attentionnelle et mnésique. De manière plus générale, cela soulève la question de la relation entre les émotions et la MDT.