1. EXPERIENCE 1

1.1. Objectif de l’étude

Cette expérience vise à mettre en évidence les effets délétères d’un état émotionnel négatif induit sur les aspects dynamiques du traitement en MDT.

Ces aspects dynamiques du traitement en MDT ont été étudiés antérieurement par Morris et Jones (1990) dans une série d’expériences visant à mettre en évidence une dissociation entre les opérations de manipulation de l’information et les mécanismes de stockage en MDT. Partant de l’hypothèse que les opérations de manipulation mobilisent essentiellement le centre exécutif de la MDT et que les capacités de stockage sollicitent la boucle phonologique, Morris et Jones (1990) ont utilisé des tâches interférentes pour tester chacune de ces deux composantes dans une activité cognitive de maintien et de manipulation de consonnes. Celle-ci, appelée tâche de Running Span, nécessite la mise à jour constante des éléments actifs du stock phonologique pour un rappel sériel des n derniers éléments (des consonnes) issus de listes de longueur variable. Morris et Jones (1990) ont démontré qu’un traitement secondaire, provoquant l’interruption des mécanismes de la boucle phonologique comme, par exemple, l’écoute d’un discours non pertinent ou la suppression articulatoire, interférait avec le maintien des items en mémoire et non avec les opérations de mise à jour. Par ailleurs, la mise à jour en mémoire affectait les performances indépendamment des effets de discours non pertinent ou de suppression articulatoire. Ces résultats suggèrent que dans la tâche de Running Span, le rappel sériel des éléments maintenus en MDT, est assuré par le système de la boucle phonologique alors que les opérations de mise à jour, conçues comme la modification du statut d’une représentation pour son ajustement à un nouvel input, impliquent massivement les processus exécutifs de la MDT.

Parce qu’elle permet de rendre compte des processus actifs de stockage et de manipulation en MDT, cette tâche est un paradigme intéressant pour vérifier l’existence d’une détérioration de ces processus suite à l’induction d’une émotion négative.

L’induction émotionnelle consiste à présenter, avant la réalisation de la tâche et sans instruction explicite, un matériel connoté, propre à engendrer une modification significative de l’état émotionnel du sujet. Ce dispositif comprend une phase de contrôle de l’état produit qui consiste en une auto-évaluation des sujets de ce qu’ils perçoivent de leur expérience émotionnelle. Bien que ce type d’investigation réalisé à partir d’adjectifs décrivant des états proches ou éloignés de l’anxiété ne permette pas de connaître objectivement la réalité de l’expérience émotionnelle, il constitue un premier indice de l’état induit, couramment utilisé dans ce type d’étude.