1.3.2.2. Construction du matériel inducteur et technique d’induction émotionnelle

Une série de 10 images anxiogènes en noir et blanc (Annexe 2) a été sélectionnée à partir des résultats d’un pré-test (Annexe 3) dans lequel 25 participants8 ont assisté à la présentation d’une série de 16 images ayant une connotation négative. Pour chaque image, les sujets devaient évaluer, à l’aide d’une échelle en six points, l’intensité avec laquelle ils ressentaient les sentiments d’angoisse, de colère, de dégoût, de peur et de tristesse. Ces items semblaient être de bons candidats pour évaluer le caractère anxiogène des images puisque quatre d’entre eux correspondaient à une émotion de base (colère, dégoût, peur et tristesse) capable de caractériser un état négatif et complexe tel que l’anxiété. En effet, Oatley & Johnson-Laird, 1987 postulent que les émotions complexes font l’objet d’une évaluation cognitive en référence au modèle de soi. Par exemple, le dégoût et la peur engendrés par une image peuvent être associés au sentiment de mise en danger de soi. Autrement dit, la modulation des émotions de base par un contenu propositionnel engendre la formation d’un état particulier. L’émergence de l’état émotionnel repose en définitive sur l’évaluation de ce qu’évoquent les images.

Les images anxiogènes ont été sélectionnées sur la base de l’intensité avec laquelle chaque sentiment a été ressenti à leur vue. Les 10 images qui possédaient la plus forte intensité sur un maximum d’échelles ont été retenues. Les caractéristiques émotionnelles du matériel sélectionné sont représentées dans le tableau 1.1.

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Tab. 1.1.—Valeur moyenne (et écart type) de l’intensité avec laquelle chaque émotion est ressentie à la vue des 10 images anxiogènes (valeur maximale = 6)

La procédure d’induction émotionnelle reposait sur la présentation d’images anxiogènes ou neutres, à l’aide d’un écran9 d’ordinateur. Cette présentation automatisée était gérée par le logiciel Psyscope (Cohen, Mc Whinney et Provost, 1993). Aucune instruction ne suggérait aux sujets de se mettre dans un état particulier car l’hypothèse sous-jacente était que la présentation d’un matériel inducteur suffirait à provoquer une activité d’évaluation cognitive du caractère anxiogène des images. En effet, selon Lazarus (1993), cette médiation cognitive permet d’interpréter le contexte émotionnel.

La procédure comportait deux conditions d’induction. Une induction négative dans laquelle 10 images anxiogènes étaient présentées et une induction neutre où 10 images sans connotation émotionnelle10, ni positive ni négative, étaient montrées (Annexe 4). Pour les deux conditions, les images s’affichaient successivement à l’écran pendant 15 secondes chacune. La présentation des images était déclenchée en pressant la barre espace. Avant l’apparition de la première image, un point de fixation s’affichait à l’écran pour prévenir de son apparition imminente. On demandait aux participants d’être attentif à chacune des images en vue de répondre, en fin d’expérience, à une série de questions relatives à leur contenu. Ces questions (Annexe 5) étaient destinées à vérifier si les sujets avaient réellement prêté attention à l’ensemble des images.

Notes
8.

Ces participants n’appartenaient pas à l’échantillon de l’expérience 1

9.

La taille de l’écran de l’ordinateur Macintosh est de 14 pouces

10.

Ces images ont été sélectionnées spontanément par l’expérimentateur en vertu de leur caractère relativement neutre.