1.5.1.3. La production de pensées non pertinentes

Le nombre de pensées rapportées en fin d’expérience par les sujets induits et contrôle n’est pas significativement différent. En revanche, la proportion de pensées non pertinentes rapportées par les induits est plus élevée que chez les contrôle (t = 2,404 ; ddl=48 ; p =.0201). Cette proportion, évaluée sur la base de leur fréquence d’apparition et de leur intensité (Seibert et Ellis, 1991b), demeure significativement plus élevée chez les induits par rapport aux contrôle (t = 2,724 ; ddl=48 ; p =.0090). L’émotion induite provoque donc la production d’une quantité plus grande de pensées non pertinentes jugées comme plus fréquentes et plus intenses.

Ce mode d’évaluation, inspiré de l’étude de Seibert et Ellis (1991b), constitue une analyse complète des pensées non pertinentes. Elle est toutefois inadéquate si l’on considère ces pensées, non seulement comme des productions qui gênent l’activité du sujet, mais aussi comme des pensées qui sont sans rapport avec l’activité cognitive car davantage liées à l’expérience émotionnelle. Or, de nombreuses pensées jugées comme non pertinentes par les sujets ont un rapport direct avec les contraintes procédurales de la tâche. Par conséquent, ces pensées peuvent difficilement s’apparenter à des pensées non pertinentes vis-à-vis de la tâche à exécuter.

Pour cette raison, une seconde catégorisation des productions des sujets est réalisée. Elle s’appuie sur une définition plus restrictive, selon laquelle une pensée non pertinente est une pensée gênante pour la tâche, sans rapport avec celle-ci. L’examen des productions des sujets, effectué à partir de ce nouveau critère de classification, indique que les pensées non pertinentes coïncident avec les préoccupations personnelles du sujet comme, par exemple : « je me sens troublé(e) en pensant aux images que j’ai vues auparavant. » ; « je suis stressé(e) » ; « je pense au travail que j’ai à faire », etc. (Annexe 8).

De la même manière que pour la première analyse, la proportion des pensées non pertinentes est calculée pour chacun des sujets. Le test t de Student de comparaison de la proportion moyenne de pensées non pertinentes entre les sujets induits et contrôle ne montre pas de différence significative. L’analyse intégrant l’évaluation de la fréquence et de l’intensité des productions ne révèle pas non plus de différence significative.