1.5.2.1. Comparaison de nos résultas avec ceux de Morris et Jones (1990) et de Van der Linden et coll. (1994)

Dans les expériences de Morris et Jones (1990) et de Van der Linden et coll. (1994), les sujets devaient rappeler les quatre derniers items de listes de quatre, six, huit et dix consonnes, ou bien les six derniers items de listes comprenant six, huit, dix ou douze consonnes. La procédure était similaire à celle décrite plus haut. L’étude de Van der Linden et coll. (1994) étudiait les effets du vieillissement sur les performances à la tâche alors que l’étude de Morris et Jones (1990) cherchait à spécifier les mécanismes impliqués dans la tâche de Running Span. Les performances des sujets contrôle12 ont été comparées à partir des résultats publiés relatifs à la qualité de la réponse selon la position sérielle et les mises à jour. Pour clarifier la présentation, nous avons fait une estimation moyenne des performances en fonction du nombre de mises à jour représentées en figure 1.5.

En condition d’empan 4, il existe une certaine disparité entre les performances des trois études. Leur évolution en fonction des mises à jour n’est pas similaire entre l’étude de Van der Linden et coll. (1994) et celle de Morris et Jones (1990). En revanche, les patrons de résultats sont assez analogues entre l’étude de Van der Linden et coll. (1994) et notre expérience, mais attestent d’un niveau de performance plus faible.

Ces études mettent toutes trois en évidence une chute des performances causée par l’activité de mise à jour mais peu sensible au nombre de mises à jour. En revanche, l’estimation du taux d’erreurs de rappel pour les trois études révèle une disparité des performances car le pourcentage d’erreurs s’élève respectivement à 11 %, 26 % et 37 % pour l’étude de Van der Linden et coll. (1994), Morris et Jones (1990) et notre expérience.

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Fig. 3.5.— Qualité du rappel à la tâche de Running Span en condition d’empan 4 dans trois études expérimentales

En condition d’empan 6, les résultats des études de Van der Linden et coll. (1994)13 et Morris et Jones (1990) sont homogènes. La comparaison de ces données avec nos résultats révèle en revanche une importante différence de performances. La figure 1.6. montre en effet que la qualité du rappel des cinq dernières consonnes est toujours moins bonne par rapport au rappel des six dernières consonnes.

Par ailleurs, l’activité de mises à jour n’affecte ni les performances des sujets jeunes de l’étude de Van der Linden et coll. (1994), ni celles des sujets contrôle de l’étude de Morris et Jones (1990), alors qu’elle détériore le rappel des cinq derniers items dans notre étude. Cette détérioration progresse avec le nombre de mises à jour (§1.5.2.2.2.). Ces différences, contraire aux effets attendus de l’empan, ne peuvent s’expliquer ni par la diversité du matériel, ni par le choix de la procédure, ni par les consignes car ces facteurs sont communs aux trois études. Enfin, les données de Van der Linden et coll. (1994) et de Morris et Jones (1990) montrent que le niveau de performances est relativement faible avec des taux d’erreurs de 42 % et 56 %. Il atteint 60 % dans notre expérience. Cela conforte donc l’idée que la tâche de Running Span est une activité de traitement relativement complexe.

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Fig. 3.6.— Qualité du rappel à la tâche de Running Span en condition d’empan 5 ou 6 dans trois études expérimentales

Notes
12.

Les participants aux trois expériences sont de jeunes adultes, à l’exception de l’étude de Van Der Linden dans laquelle les performances de sujets jeunes (22 ans) et âgés (65 ans) sont confondues.

13.

Pour cette condition d’empan, seules les performances des sujets jeunes (22 ans) de l’étude de Van der Linden et coll. (1994) sont prises en compte dans notre comparaison.