4.2. Hypothèses théoriques

Comme précédemment, nous supposons que l’expérience émotionnelle peut moduler le fonctionnement des mécanismes impliqués dans le stockage et le traitement des informations. Certaines données montrent clairement l’influence de l’émotion sur les capacités de stockage et de traitement (Darke, 1988). Toutefois, les effets observés demeurent très généraux et sont interprétés comme les effets du déclin des capacités de stockage et de traitement. Ce type d’explication, nous l’avons vu, repose sur l’hypothèse théorique d’une réduction des capacités de traitement, causée par la mobilisation des ressources cognitives requises pour les traitements liés à l’émotion. Selon Ellis et coll. (1990), ces traitements liés à l’émotion correspondraient à l’émergence de pensées intrusives. Nos résultats (expérience 1) montrent toutefois que les effets de l’induction sur les performances cognitives ne sont pas systématiquement et directement médiatisés par une production massive et consciente de pensées intrusives. Une hypothèse alternative (expérience 3) est que l’émotion provoque une rupture dans le décours des plans d’action. Le modèle de Bastien (1999) sur la centration et le déplacement de l’attention vers les différentes étapes de traitement à réaliser (sous but) en situation de résolution de problème nous a aidé à envisager les effets de l’émotion. En effet, nous considérons celle-ci comme un facteur capable de modifier la représentation que se construit le sujet sur la situation problème ainsi que sur les buts et les sous buts permettant de réaliser la tâche. Bien que le rappel alphabétique ne corresponde pas à une tâche de résolution de problème, on peut néanmoins supposer que l’émotion module la procédure de réalisation de la tâche, et que cela se manifeste par une modification de la planification des opérations de traitement contrôlées. En admettant que le maintien et la réorganisation des traces mnésiques constituent un ensemble d’opérations à coordonner, nous supposons que la modification de l’état émotionnel peut changer le cours des opérations et affecter l’état du stock ainsi que l’efficacité des traitements.