6.4. Efficacité des procédures d’induction et de contrôle de l’état émotionnel

Bien qu’impliquant un matériel et des enjeux différents, les techniques d’induction utilisées ont été élaborées en vue de modifier l’état émotionnel initial dans le sens d’une anxiété plus grande. Notre dispositif de contrôle de l’état émotionnel, consistant à évaluer l’exactitude avec laquelle divers adjectifs, congruents et non congruents avec l’anxiété, traduisaient l’état des sujets, a permis d’attester des modifications attendues. Néanmoins, il est possible que l’effet anxiogène inhérent à la phase d’entraînement à la tâche, ’parasite’ l’auto-évaluation, et annule la possibilité de recueillir les effets strictement liés à l’induction. Par ailleurs, des tâches de haut niveau comme le Running Span et la planification alphabétique sont, comparativement aux tâches de MLT, moins sensibles à l’induction, parce que l’attention mobilisée pour leur traitement atténue l’intensité de l’émotion induite (Erber & Tesser, 1992). Enfin, les possibles réactions de déni ou d’intellectualisation des sujets induits peuvent aussi moduler les effets de la procédure d’induction. Elles peuvent aussi se traduire par une utilisation particulière de l’outil d’auto-évaluation, comme par exemple, un positionnement central sur les échelles, suggérant l’indétermination et n’offrant pas des résultats assez contrastés. Ces remarques réclament des solutions alternatives pour améliorer les conditions d’observation des effets d’une émotion induite sur les processus attentionnels et mnésiques de la MDT. Une première alternative consiste à recourir à une procédure où l’entraînement n’est pas interposé entre les deux premières étapes d’auto-évaluation de l’état émotionnel, pour éviter tout ’parasitage’ du caractère anxiogène de la tâche sur les effets de l’induction. Par ailleurs, l’adjonction d’une troisième évaluation de l’état émotionnel après à l’entraînement, permettrait un recueil des données subjectives relatives à l’influence spécifique de la tâche sur le niveau d’anxiété des participants. Une seconde alternative, proposée par Kuykendall, Keating, & Wagaman,(1988), concerne plus particulière l’outil d’auto-évaluation de l’état émotionnel, et consiste à utiliser des mots neutres pour discriminer l’état des sujets induits en condition neutre et négative. Selon Kuykendall, et coll. (1988), l’usage de termes neutres est un bon moyen de réduire le lien entre les items de l’échelle et l’émotion à évaluer, pour atténuer les réactions de complaisance ou de résistance vis-à-vis de l’outil d’évaluation.