2.2.4. Une représentation synthétique

Il peut être utile, pour clore cette introduction, de donner une représentation synthétique de notre propos, dans sa structure comme dans sa nature. On invite ainsi le lecteur à considérer les deux tableaux placés ci-après. Ils renvoient, pour l’un, à notre deuxième partie, pour l’autre, à notre troisième partie. Contentons-nous de rappeler ici que notre première partie recèle certains développements d’ordre méthodologique et historique relatifs, d’une part, à l’approche économique standard (Chapitre 1) et, d’autre part, à l’économie comportementaliste (Chapitre 2).

Deuxième partie : Les aptitudes limitées du décideur

CHAMP MOTIVATIONNEL CHAMP COGNITIF


A
P
T
I
T
U
D
E
S

D
U

D
E
C
I
D
E
U
R

Chapitre 3
Psychologie des jugements évaluatifs, ou les limites des aptitudes motivationnelles du décideur

La théorie économique standard présuppose le décideur capable de recueillir une information complète et cohérente sur ses préférences. De même celui-ci peut-il toujours exploiter cette information en donnant à ses préférences une expression comportementale effective.

En contrepoint de cette représentation standard, le comportementaliste fait le constat des limites qui frappent les aptitudes motivationnelles du décideur. C’est ainsi que l’on rapporte, en particulier, un grand nombre de travaux expérimentaux qui démontrent le caractère variable des préférences. Ces contingences trouvent à s’expliquer dès lors que l’on montre, avec le comportementaliste, que les jugements évaluatifs opérés par le décideur prennent appui sur des procédures de nature multiples et diversement sophistiquées.

Chapitre 4
Psychologie des jugements prédictifs, ou les limites des aptitudes cognitives du décideur


La théorie économique standard présuppose le décideur capable de recueillir et de traiter une information exhaustive quant aux caractéristiques de sa situation-problème. Ainsi se trouve-t-il en mesure d’éclairer le cadre options/conséquences à l’aune de connaissances, de représentations, de croyances des plus pertinentes.

Face à cette prémisse, le comportementaliste révèle l’étendue des limites qui frappent les aptitudes cognitives du décideur. On se fait l’écho, plus particulièrement, d’une classe importante de travaux par où se voit établi le caractère biaisé du rapport à l’information qu’entretient le sujet. L’impact de ces biais qui affectent les procédures de recueil ou de traitement de l’information et, au-delà, la complexité même des situations-problème rencontrées, laissent présager de jugements prédictifs porteurs d’un éclairage approximatif, parcellaire, erroné du cadre options/conséquences.

Troisième partie : La flexibilité limitée de l’acteur

CHAMP MOTIVATIONNEL CHAMP COGNITIF



F
L
E
X
I
B
I
L
I
T
E

D
E

L’
A
C
T
E
U
R



Chapitre 5
La thèse du satisficing, ou les limites de la flexibilité motivationnelle

La perspective économique standard ne reconnaît, à un niveau général d’analyse, qu’un seul objectif aux comportements individuels : le désir d’optimiser. En ce sens, la flexibilité motivationnelle du décideur est réputée maximale.

Avec sa thèse du satisficing, le comportementaliste vient au contraire faire état des limites de la flexibilité motivationnelle du décideur. C’est que souvent l’irruption d’objectifs exprimés sous la forme de seuils vient borner les aspirations du décideur. Ainsi présente-t-on les travaux que consacrent les psychologues et/ou les comportementalistes aux seuils d’aspiration. On montre par ailleurs que le décideur semble viser une solution satisfaisante faute tantôt de pouvoir faire mieux, tantôt de vouloir faire mieux. Quel que soit le fondement donné à la thèse du satisficing, on montre enfin combien s’avèrent fragiles les stratégies déployées afin de replacer les positions du comportementaliste dans le giron de l’hypothèse de rationalité.

Chapitre 6
La prégnance des réponses habituelles, ou les limites de la flexibilité cognitive

L’approche standard ne reconnaît, à un niveau général d’analyse, qu’un seul processus susceptible d’assurer l’adaptation des moyens aux fins : la décision ou le calcul. Elle présuppose que l’acteur fait preuve d’une flexibilité cognitive maximale.

Face à cette prémisse, les auteurs comportementalistes mettent en particulier l’accent sur le caractère prégnant des habitudes, en tant que foyers manifestes de la rigidité cognitive. On examine, avec ces auteurs, les modalités de la genèse, du maintien et du renouveau des habitudes. On montre, là aussi, que la prégnance des habitudes se voit justifiée au titre de considérations tantôt cognitives, tantôt motivationnelles. De même, enfin, on insiste sur la pertinence limitée de ces interprétations promptes à voir dans la prégnance des habitudes le simple reflet de calculs optimisateurs qui ne feraient qu’intégrer l’impact des ’coûts de décision’.