PREMIERE PARTIE : L’économie comportementaliste :
vers un renouveau méthodologique de la science économique ?

Introduction à la première partie

Le programme de recherche initié par le comportementaliste ne saurait être tout à fait compris, de même qu’il ne saurait atteindre son but, sans que le caractère méthodologique du différend qui l’oppose au théoricien néo-classique/standard ne soit, en dernière instance, souligné. En effet, a-t-on remarqué, les représentations scientifiques du réel reposent sur des arbitrages méthodologiques (explicites ou implicites, conscients ou inconscients, opérés ex-ante ou ex-post...) dont elles ne peuvent être dissociées. Aussi, l’assaut mené par les membres du courant contre l’hypothèse de rationalité, en ses prémisses, doit-il passer par le front méthodologique. A défaut d’une prise en compte adéquate des spécificités méthodologiques de l’approche économique standard, les critiques égrainées par les auteurs comportementalistes courent le risque d’être tenues pour ’naïves’, de même que les réformes suggérées pour ’futiles’.

Les plates-formes critique et réformatrice promues par le comportementaliste prennent un poids tout autre dès lors qu’elles incarnent le rejet des fondements méthodologiques qui sous-tendent l’approche économique standard, ainsi que l’adhésion simultanée à un programme méthodologique alternatif. Précisément, cette première partie est, avant tout, l’occasion d’inscrire les développements néo-classiques/standards (Ch 1, § 1) et comportementalistes (Ch 2, § 1) dans leur cadre méthodologique respectif. Plus secondairement, cette partie, qui ressort ouvertement de l’histoire de la pensée économique, nous conduit à caractériser brièvement l’approche économique standard, dont relève la perspective néo-classique (Ch 1, § 2). De même nous donne-t-elle l’opportunité de revenir plus longuement sur les difficultés, identifiées au cours de notre introduction, que doit rencontrer tout lecteur désireux de procéder à une caractérisation et, dans le même élan, à une délimitation de l’économie comportementaliste (Ch 2, § 2).