2. ’Behavioral economics’ : un éclairage historique

De même que l’on pouvait, à l’occasion du précédent chapitre, envisager l’approche économique standard dans sa substance analytique après que d’en avoir révélé les fondements méthodologiques, nous voudrions ici délaisser la méthodologie de l’économie comportementaliste pour revenir sur les problématiques, délicates, de la caractérisation et de la délimitation du courant. Il est apparu, en effet, dès l’introduction du présent travail, que le courant comportementaliste était en proie à une double difficulté de nature à restreindre significativement la lisibilité de ses orientations constitutives. La première de ces difficultés nous a conduit à signaler que la dénomination ’behavioral economics’ faisait l’objet, en vérité, d’appropriations multiples. Ainsi le courant comportementaliste doit-il être distingué de ces autres appropriations de l’intitulé ’behavioral economics’ qui instaurent soit un ’comportementalisme beckerien’, soit divers ’comportementalismes syncrétiques’. Plus classique, la seconde difficulté se révèle dès lors que l’on s’efforce de délimiter le champ recouvert par le courant comportementaliste à proprement dit. Il nous est apparu, en particulier, que la question du degré de rupture requis, par rapport à la tradition standard, se trouvait loin de faire l’objet d’un consensus.

C’est à dessein que l’on a, au cours de notre introduction générale, refusé de discuter de façon extensive chacune de ces deux difficultés et, plus encore, la première d’entre elles. Sans doute, en effet, un traitement trop précoce de ces ’subtilités’ eut-il risqué de perdre quelque peu notre lecteur. Il n’a pourtant jamais été dans notre intention de faire l’impasse sur ces problématiques auxquelles doit conduire toute tentative de caractérisation du courant comportementaliste qui se voudrait complète. On se propose, dans le cadre de la présente section, d’inscrire nos développements dans une optique historique. Ainsi abordera-t-on, successivement, chacune des trois caractérisations de la ’behavioral economics’ que l’on a pu identifier, revenant, à l’occasion de notre présentation du courant comportementaliste, sur le problème de délimitation évoqué plus haut.