1.2. Dynamique des constructions cognitives

La théorie économique standard véhicule l’idéal d’un décideur qui entretiendrait un rapport parfaitement neutre à l’information. La dynamique de ses constructions cognitives ne reflèterait que le seul souci de vérité, ou de fidélité au monde. Toute altération des connaissances, des représentations, des croyances, ou encore des probabilités, serait ainsi porteuse d’un ajustement positif venant rétablir une correspondance momentanément perturbée. C’est pourtant un enseignement fondamental des travaux psychologiques relatifs à la dynamique des constructions cognitives que l’individu s’avère, dans une certaine mesure, davantage animé par un besoin spontané de cohérence que par un souci désincarné de vérité. Ainsi le décideur se révèle-t-il, souvent, comme un système de traitement de l’information biaisé, car insidieusement orienté vers le maintien de la cohérence et de l’intégrité des constructions cognitives déployées aux fins de ses activités. Offrant la perspective d’un certain ’conservatisme’ qui sévirait en matières cognitives, ce constat s’impose tel un fil conducteur qui permet de tisser ensemble différents biais fréquemment rapportés et exploités par les auteurs comportementalistes.