Le besoin de renforcer le travail en équipe dans les entreprises de manière générale et au niveau de la direction en particulier peut être saisi à travers notamment les traits évoqués par B. Beckhard pour caractériser une organisation efficiente.
Cet auteur considère que les points suivants caractérisent une organisation efficiente:
‘“ blabla’l’organisation, les sous-systèmes et les individus travaillent à partir de buts et plans en vue de la réalisation de ceux-ci;
les décisions sont prises à partir et près des sources d’informations; ceci sans attribuer d’importance à la réalisation de ces sources sur l’organigramme;
les communications verticales et horizontales ne sont affectées que par des distorsions relativement faibles. L’ensemble des faits est communiqué, en outre, au personnel;
l’organisation et ses sous-systèmes se perçoivent comme étant en interrelation les uns avec les autres et comme étant en interrelation avec un environnement plus large. L’organisation est alors considérée comme un système ouvert,
l’organisation et ses membres agissent en vue de développer des mécanismes de feed-back afin que les individus et les groupes puissent bénéficier de leur propre existence ”.69
En outre, comme le note H. Mahé de Boislandelle70 , lorsqu’il souligne l’effet de microcosme qui modèle la vision du dirigeant de P.M.E., il nous semble qu’il est important que ce dernier intègre ses collaborateurs dans une équipe afin d’enrichir sa vision. En effet, le dirigeant étant généralement focalisé sur l’immédiat, il se voit dans l’obligation de s’impliquer fortement dans l’organisation. A cette attitude, on peut ajouter l’intensité affective de ses relations, les urgences ressenties et le nombre des activités à affronter dans le champ temporel et spatial de son système de priorités, ce qui a pour conséquence de réduire son esprit critique, notamment d’autocritique et de provoquer une cécité relative par rapport à l’environnement. Si Matsushita71 considérait que le management est l’art de mobiliser et de rassembler les ressources intellectuelles de tous les employés de tous les services de l’entreprise, n’était-ce pas une invitation à davantage intégrer l’ensemble du personnel notamment par le travail en équipe?
Développer le travail en équipe est commandé par la volonté de créer une synergie, une mise en oeuvre coordonnée de compétences différentes. Il convient d’associer le maximum d’acteurs en vue d’assurer le développement et la pérennité de l’organisation par la coordination de l’action collective et la prise en compte des intérêts de chacun des membres. C’est dans ce sens que D. Ollivier72 considère que les fondements de l’esprit d’équipe sont : la volonté de vivre ensemble, la pratique du consensus, le sens de l’équité ainsi que la maîtrise de l’évolution de l’organisation. Lorsqu’on parle d’équipe, on fait référence à “ un lien commun, une organisation, un double dynamisme venant aussi bien de la tête que de l’ensemble, une victoire à gagner ensemble ”73 .
Cependant, il faut signaler qu’une équipe ne se confond pas avec un groupe. M. Petit et al74 en essayant de définir l’équipe, se réfèrent à la distinction faite entre les groupes primaires et secondaires pour dire qu’une équipe serait considérée comme un “ mix ” de groupe primaire et de groupe secondaire. Dans les groupes primaires qui sont inscrits dans la durée avec des rencontres relativement fréquentes, il existe une dimension d’affectivité et d’émotion, concomitante à une logique commune, le tout étant inscrit dans la durée. Quant aux groupes secondaires, ils sont caractérisés par un travail temporaire à réaliser et des buts à atteindre. On dira qu’un équipe existe réellement lorsque les membres partagent des fonctions, des responsabilités individuelles et collectives, fixent eux-mêmes les niveaux de performances de chacun et s’attendent à des résultats collectifs, encouragent la libre discussion et mettent en place des systèmes de réunions constructives pour résoudre les problèmes , mesurent la performance directement en estimant les résultats collectifs; discutent, décident et effectuent un vrai travail ensemble75.
Passant en revue la littérature sur le travail en équipe, R. Mucchielli76 met en évidence sept éléments caractéristiques de celle-ci:
le petit nombre d’acteurs afin d’assurer son efficacité;
la qualité du lien interpersonnel qui implique une acceptation et une volonté d’adhésion;
l’engagement personnel exigeant de chaque membre une participation entière;
l’émergence d’une unité particulière qu’il définit comme une "unité sociale spéciale ” 77;
l’intentionnalité commune vers un but collectif accepté et voulu;
les renoncements à un certain degré de liberté, l’acceptation d’une tactique commune, d’une coordination des efforts, d’une discipline et enfin
une structure de l’équipe tenant compte du type d’action et du contexte des objectifs qui veille à une organisation des rôles et à une distribution du travail.
Divers mobiles peuvent être à l’origine de la constitution ou du recours à un travail d’équipe. C’est à ce titre que quatre sortes d’équipes de travail sont souvent distinguées au niveau des entreprises:
‘“blabla’une équipe désignée pour assurer la coordination de certains acteurs qui coopèrent pour un but bien précis,
une équipe parallèle à la structure mise en place indépendamment de l’activité régulière,
l’équipe projet constituée pour mettre en place et développer un projet; son existence étant limitée dans le temps;
l’équipe de travail en charge de la responsabilité de la production d’un bien ou d’un service”78.
De manière générale, une entreprise aura besoin d’organiser une équipe dans les cas suivants:
‘“blabla’pour créer une attention commune sur un élément jugé important pour l’organisation,
pour mieux intégrer les différentes vues et les compétences des acteurs de l’entreprise dans l’activité de celle-ci;
pour générer des solutions innovantes et pouvoir réunir les compétences suffisantes pour les porter,
pour favoriser l’implication en permettant à un groupe d’acteurs de se consacrer davantage à une activité bien déterminée de façon indépendante;
pour gagner du temps”79.
Le travail en équipe autour du dirigeant exige donc une attitude d’ouverture de celui-ci vis-à-vis de ses relations avec ses collaborateurs. Au lieu de s’arrêter uniquement à une forme de clientélisme, ces relations doivent avoir pour lien un projet commun afin de pouvoir conforter son rôle d’animateur. Une telle attitude aura pour effet de pousser ses collaborateurs à concevoir leur travail sous l’angle intéressant un champ collectif plutôt que de limiter leur champ d’intérêt à un seul secteur. Pour arriver à une telle organisation du travail en équipe au niveau de la direction, il importe qu’un certain nombre de conditions soient remplies.
R. Beckhard in S. Lacrampe, “ Système d’information et structures des organisations ”, p 19, Editions Hommes et Techniques, 1974, 152 pages.
H. Mahé de Boislandelle, “ L’effet de grossissement chez le dirigeant de P.M.E. ”, Revue Gestion 2000, vol 4, juillet - août 1996, pp 105 - 123
Matsushita cité par Ch. Margerison et D. Mc Cann, “ Team management ”, p 2, InterEditions, 187 pages.
D. Ollivier , “ La dynamique de la performance ”, 1994, Editions ESF, 191 pages
R. Lafond in R. Mucchielli, “ Le travail en équipe ”, p 6, 4è Edition ESF, 1984, 108 pages
M. Petit et al., “ Management d'équipe: concepts et pratique", Dunod, 1999, 203 pages
Jon Katzenbach et Douglas Smith, “ La discipline des équipes ”, Harvard l’Expansion /été, p 76, 1993, pp 74 - 79
R. Mucchielli, " Le travail en équipe", op cit, pp 6 - 7
idem p 7
Jay R. Galbraith, Edward E. Lawler III and Associates, “ Organizing for the future. The new logic for managing complex organizations ”, p 197 , Editions Jossey - Bass Publishers, 1993, 312 pages.
Susan A. Mohrman et Allan M. Mohrman, “ Designing team - based organizations. A workbook for organizanitional self-design ”, Editions Jossey - Bas Publishers.