2.1.2 Approche de définition retenue au Burundi

Dans les pays en développement, l’entrepreneuriat local et les P.M.E. (informelles ou formelles) émergent malgré les faibles résultats des investissements considérables tournés vers la seule exportation ou des entreprises qui, souvent aux prises avec une lourde bureaucratie, ne peuvent pas prétendre être le moteur d’un développement soutenu. Les P.M.E. sont alors considérées comme étant à même de créer un tissu économique de base favorisant la multiplication des échanges sur le territoire et, par là, le décollage de l’économie. C’est dans ce cadre que, dans un passé récent, plusieurs programmes ont été initiés soit par les agences d’aide au développement ou par le gouvernement en vue de promouvoir et développer la P.M.E. locale. Cependant, à regarder de près les différents travaux préliminaires qui ont été faits pour dresser un état des lieux en vue de dégager les mesures capables de soutenir le développement des P.M.E., on remarque qu’ils sont très restrictifs quant au genre d’entreprises qui pourraient être bénéficiaires de ces mesures.

Si on interroge les quelques rapports effectués à ce sujet, on voit que la P.M.E. au Burundi est souvent définie par des critères quantitatifs tels que le nombre de personnes occupées, le coût des investissements réalisés et le chiffre d’affaires moyen. Les différentes définitions proposées limitent le nombre d’employés à 50 personnes, le capital à une moyenne de 25 millions de francs burundi et un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 100 millions de Fbu . Si l’on prend l’exemple de R. Dhonte120 de 1992 qui fixe la limite supérieure du capital de la P.M.E. à 20 millions de Fbu121, nous pensons que cette limite est vraiment trop étroite car avec un tel montant équivalent à 33 333 francs français au cours de 1993, on était à l’époque à peine capable d’acheter deux minibus. On peut notamment se demander si ces critères ne devraient pas être régulièrement revus dans des pays qui connaissent des taux d’intérêts et de dévaluation de la monnaie locale aussi élevés que ceux qu’on connaît au Burundi. Nous pensons d’autre part que cette façon de voir était uniquement dictée par le fait que beaucoup de mesures proposées avaient souvent trait aux problèmes de création et de financement de P.M.E., laissant de côté beaucoup d’autres mesures d’aides aux PME existantes afin de résoudre différents problèmes de gestion.

Dans notre définition, nous essaierons d’adopter une approche qui intègre le maximum d’entreprises présentant les caractéristiques réelles d’une petite et moyenne entreprise. Nous nous référerons notamment au rapport de la Banque Mondiale122 dont les matériaux de base ont été récoltés au Burundi, Cameroun, Côté d’Ivoire, Ghana, Kenya, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe qui inclut dans la catégorie des P.M.E. les entreprises qui emploient jusqu’à 200 personnes. Lorsqu’on prend en compte les caractéristiques internes de l’entreprise, certains auteurs africains123 portent même la limite à 400 personnes.

Compte tenu des objectifs assez larges assignés à la P.M.E. que sont:

‘“blabla’

il nous paraît important d’étendre la définition de P.M.E. à toutes les entreprises viables qui ont besoin néanmoins de mesures d’appui en vue d’assurer leur développement et leur pérennité.

Le secteur des P.M.E. pourrait donc répondre à plusieurs objectifs de politique économique et sociale visant notamment à réduire le taux de chômage de la population qui tend à augmenter à mesure que la pression sur les terres cultivables augmente poussant les populations concernées à migrer vers les villes dans l’espoir de trouver un emploi rémunéré.

Pour conclure, au cours de notre travail, nous nous appuierons donc sur la définition de P.A. Julien et considérerons la petite et moyenne entreprise comme toute entreprise ayant les caractéristiques suivantes:

Une telle définition, quoique incomplète, permet d’envisager des mesures d’appui à toutes ces entreprises burundaises en intégrant, en plus de l’assistance à la création et au financement des P.M.E., tous les autres aspects de la gestion pouvant hypothéquer le développement de ces entreprises.

Notes
120.

R. Dhonte, “  Burundi. Projet de développement de l’entreprenreuriat dans les provinces de l’intérieur ”, AXE, Lille, Mai 1992

121.

Parité franc français – franc burundi au 25/9/00 1 FF = 102 Fbu au cours officiel ; 1 FF = 135 Fbu au marché parallèle

122.

T. Biggs, P. Srivasta, “  Structurel aspects of manufacturing industry in Sub-Saharan Africa. Findings from a seven survey ”, p 21, The World Bank, 60 pages, 1996

123.

Tesfa - Yesus Mahary et al., “  Human resource management practices in small and medium sized units in Eritrea ”, Indian Journal of industrial relations, New Delhi, vol 34, n° 303 - 323, janvier 1999

124.

Note de Politique des PME au Burundi. Ministère de l’Industrie, octobre 1995