2.2.1.4 Evolutions des entreprises du secteur formel

La plus ancienne des entreprises existantes date de 1947 et très peu d’entreprises ont été créées avant 1972. Comme signalé précédemment, jusqu’à cette date, l’activité de commerce de gros était un domaine inconnu des burundais. Ils se consacraient essentiellement à l’agriculture et à l’élevage. Le secteur formel était un domaine réservé aux seuls étrangers. L’Etat burundais s’était cependant engagé dans des activités de production de grande envergure très coûteuses et pour la plupart très inefficaces.

Une étude125 commandée par la Banque Mondiale qui a concerné 200 P.M.E. note qu’au cours des deux dernières décennies, l’industrie alimentaire a connu un développement remarquable, son importance dans la part du PIB est passé de 0, 8 à 4,6% en 1991. L’industrie textile et de l’habillement quant à elle a progressé sur la même période de 0,7% à 1,1% du PIB. Les entreprises textiles produisent essentiellement des tissus et des couvertures. Dans le secteur du bois et du papier, on y dénombre 30 entreprises qui emploient au total environ 1000 personnes. Leurs équipements sont jugés très obsolètes en comparaison des autres secteurs.

Les entreprises métallurgiques qui ont été dénombrées emploient 800 personnes. La valeur ajoutée qu’elles ont pu créer a cru de 10% par an de 1986 à 1990.

La part des autres secteurs dans le PIB est passé de 1,1% à 2,4% entre 1988 et 1989. Cette augmentation de production s’est traduite par une diminution de l’importation de ces produits alors que les importations continuaient à croître dans l’ensemble.

Le secteur agro-alimentaire essentiellement public est resté marginal car il ne contribue qu’à 0,5% du PIB et emploie 200 personnes.

On peut également noter que certaines entreprises n’utilisent pas pleinement leur capacité de production. L’étude citée plus haut note que 18% des entreprises enquêtées pouvaient augmenter leur production de plus de 100% sans installations supplémentaires.

Vis-à-vis des échanges extérieurs, on pouvait noter que très peu d’entreprises burundaises exportent leur production. Les circuits de distribution sont très courts car 55% des produits sont livrés directement aux clients, 14,9% seulement aux administrations publiques et 26,5% seulement aux grossistes.

La plus grande partie de ces entreprises sont dirigées par leurs propriétaires. Une étude de l’USAID126 menée en collaboration avec le Ministère du commerce et de l’industrie notait que:

Les dirigeants d’entreprises burundais connaissent des problèmes énormes pour avoir des informations sur les fournisseurs et leurs marchés clients. La même étude note que 47% des dirigeants se contentent de leurs propres connaissances du milieu, 25% recueillent des informations qui leur sont nécessaires auprès de leurs collègues dirigeants. Seuls 12% sont abonnés à des journaux étrangers pouvant leur procurer des informations commerciales. La structure de la propriété varie en fonction de l’entreprise. La même étude note que seulement 47,5% des entreprises sont la propriété d’une seule personne jouissant d’un statut de Société Uni-Personnelle à Responsabilité Limitée (URL), les autres pouvant revêtir le statut de Société des Personnes à Responsabilité Limitée (SPRL) ou étant des entreprises publiques.

Il est également important de signaler que plusieurs des entreprises du secteur formel emploient du personnel temporaire au-delà de la période légale de trois mois surtout pour échapper à l’obligation de payer les charges patronales.

Notes
125.

 CURDES, Leuven University, “  Structural aspects of manufaturing industry in Burundi ”, World Bank Report, 1993, 161 pages

126.

Le secteur privé formel de Bujumbura et 3 villes de l’intérieur . USAID et le Ministère du Commerce et de l’Industrie, Bujumbura 1991