2.2.1.5 Importance du secteur informel

On estime qu’en 1989, la valeur ajoutée créée par le secteur informel était estimée égale à celle du secteur formel industriel. Ce secteur affichait un dynamisme assez important car en 1990 son taux de croissance était de 8%. Ces unités sont pour la plupart situées dans le monde rural, seules entre 10 et 20% d’entre elles oeuvrent dans les zones urbaines. En 1986, le ministère du travail et de la formation professionnelle estimait à 14.200 le nombre d’unités du secteur informel et employaient 40 000 personnes dans les centres urbains.

Les entreprises du secteur informel constituent la principale activité de leurs propriétaires bien que certains bénéficient d’une autre source de revenu. Ils sont parfois issus du secteur formel ou ont travaillé dans d’autres unités informelles. Ces unités emploient quelques salariés en plus des membres de la famille du propriétaire. Il arrive que ces unités soient gérées par des salariés mais dans la plupart des cas ils ont des liens de parenté avec les propriétaires. Il arrive que la création de ces unités soit guidée par la volonté d’occuper les membres de la famille qui ne trouvent pas d’emploi dans le seul secteur moderne. Plusieurs de ces entreprises ne tiennent aucune comptabilité et rares sont celles qui paient les impôts ou les taxes municipales . En matière fiscale, toute entreprise doit se faire ouvrir un compte courant à la direction des impôts pour pouvoir ensuite obtenir une autorisation de commerce délivrée par les services de la direction du commerce intérieur relevant du ministère de l’industrie mais seules 1/3 de ces entreprises ont effectivement effectué cette formalité. En outre, elles ne se font en général pas enregistrer à la chambre de Commerce et d’Industrie, d’Agriculture et d’Artisanat du Burundi (CCIB). Trois raisons militent en faveur de leur nombre sans cesse croissant: le faible investissement initial, une expérience préalable dans le même genre d’activité et la rentabilité.

Une étude du BIT127 montre que la majorité des personnes occupées dans ce secteur soit 86,5% n’ont jamais fréquenté l’école, 5,3% l’école primaire tandis qu’une infime partie a pu fréquenter l’enseignement secondaire général ou technique, très rarement l’université.

Ces entreprises du secteur informel recourent rarement au financement bancaire. Elles emploient leurs fonds propres ou ont recours à des formes de crédit informel tel que la famille ou les connaissances. Ces unités entretiennent très peu de relations avec les entreprises du secteur formel car seules 5,8% de ces unités enquêtées vendent leurs productions de biens ou de services aux entreprises modernes.

En matière d’emploi, aucune de ces entreprises n’a effectuée les formalités exigées ni à l’inspection du travail ni au département de l’emploi et de la main d’oeuvre.

Aucun contrôle ne s’exerce en général sur ces mêmes entreprises. On ajouterait également que ces unités n’ont jamais fait de démarches auprès de l’INSS pour affilier leurs salariés et apprentis au système de protection sociale en place. Il est intéressant de rappeler que l’inspection du travail s’applique à toute personne physique ou morale, publique ou privée partie prenante au contrat de travail. Quant au service de l’emploi et de la main d’oeuvre, sa mission consiste essentiellement à poursuivre des recherches, sur des questions telles que la formation professionnelle, le placement, la régularisation de l’emploi, bref, tous les facteurs influents sur le niveau et la mise en relation des employeurs et des demandeurs d’emploi. On notera cependant que ces institutions du ministère du travail et de la formation professionnelle censées réguler les relations entre employeurs et salariés interviennent rarement dans les entreprises tant formelles qu’informelles.

Notes
127.

P. Rutake, I. Ranguza, “  Obstacles légaux et institutionnel au développement du secteur informel à Bujumbura, ”,Département du développement des entreprises et de coopératives, BIT, 41 pages