2.2.1.6 Etat des infrastructures

Lorsqu’on parle d’infrastructures, nous entendons celles dont a besoin l’ensemble des entreprises oeuvrant dans un pays et dont la mise en place relève des pouvoirs publics.

Dans le domaine de l’énergie, le Burundi dispose d’un réseau de barrages hydroélectriques et les centres les plus importants du pays sont desservis. Le seul problème réside dans les interruptions régulières de l’électricité surtout lorsqu’on sait que seulement le quart des entreprises installées à Bujumbura dispose d’un groupe électrogène à utiliser en cas de coupure. On peut également indiquer les fréquentes variations d’intensité dans le courant livré qui endommagent souvent les équipements de production. Les entreprises se plaignent également du niveau élevé du prix de l’électricité. Par ailleurs, certaines petites entreprises installées dans des centres secondaires manquent cruellement de sources d’énergie pour développer leur activité. Il faut également signaler les coûts de production très élevés pour les entreprises qui utilisent le fuel pour faire fonctionner les fours thermiques car aucun effort n’a été fait pour diminuer les taxes appliquées aux produits pétroliers utilisés par ces entreprises.

Quant à la distribution de l’eau, elle est suffisante pour les entreprises industrielles qui l’utilisent, cette distribution laisse par contre à désirer pour les entreprises qui veulent se lancer dans les activités agro-pastorales.

Au niveau du réseau routier, seules les routes nationales asphaltées sont en bon état. Les routes provinciales reliant les centres régionaux de commerce et d’échanges ne sont pas suffisamment bien entretenues. Cela fait que le coût de transport à l’intérieur du pays est élevé obligeant les commerçants de l’intérieur à appliquer des prix deux fois plus élevés que ceux pratiqués dans les centres où ces produits sont fabriqués. L’huile de palme est par exemple souvent vendue à un prix doublé quand elle arrive dans les provinces du Nord.

Quant aux centres commerciaux, il faut signaler qu’ils ont connu un déclin considérable ces vingt dernières années. On estimait en 1988 que seuls 10 seulement des 190 centres commerciaux primaires et secondaires inventoriés au Burundi avaient une activité constante, les autres fonctionnant véritablement de manière saisonnière. Notons cependant que dans le cadre du Projet d’Aménagement des centres urbains que certains centres commerciaux ont été réhabilités et ont repris leur fonction car les aires de vente ont été données en location aux commerçants désireux de monter leur activité.

Concernant le transport international, le Burundi est pénalisé par sa situation d’enclavement. L’essentiel des marchandises transite par le port de DAR-ES-SALAAM situé à 1200 Km de BUJUMBURA. Sur ce corridor, on dénombre beaucoup de problèmes qui font que les marchandises mettent plusieurs mois avant d’arriver à destination. Cela est principalement dû à la saturation du port de DAR-ES-SALAAM qui dessert à la fois l’Ouganda, le Burundi, la Zambie et l’Est de la République Démocratique du Congo et à son faible niveau d’équipement. Notons que certaines entreprises sont parfois obligées d’envoyer une personne à DAR-ES-SALAAM pour essayer d’accélérer le délai des opérations de transit au port. En outre, le chemin de fer reliant DAR-ES-SALAAM est monorail ce qui complique l’acheminement des marchandises au port de KIGOMA sur le Lac Tanganyika avant d’être rembarqué vers le Port de BUJUMBURA. Pour répondre à leurs besoins, certaines entreprises sont obligées de constituer des stocks de matières premières pour une durée d’exploitation dépassant six mois comme c’était le cas dans l’entreprise C lors de mon intervention. Pour celles qui n’en ont pas les moyens, elles sont régulièrement en rupture de stocks de matières premières ce qui se traduit par des arrêts de travail pouvant aller jusqu’à deux mois comme cela arrive régulièrement dans l’entreprise B.

Quant au corridor qui va de MOMBASA à BUJUMBURA, il fait 2.025 Km. Il est actuellement très peu utilisé à cause des nouvelles réglementations intervenues au Kenya qui interdisent aux camions remorques de plus de 30 tonnes en moyenne d’emprunter leurs réseaux routiers. Cela fait que le prix à la tonne transportée devient très élevé. Seul les produits pétroliers vendus par les raffineurs installés au Kenya continuent d’emprunter ce corridor ainsi que les produits manufacturés achetés principalement au Kenya et en Ouganda.

Actuellement, avec l’ouverture de l’Afrique du Sud sur les pays africains, le corridor sud commence à prendre de l’importance dans le transport de marchandises allant au Burundi. Ils transitent par le port de MPULUNGU qui est d’un très faible niveau d’équipement car il n’était pas destiné à connaître une activité d’envergure internationale.

Notons que des mesures ont été prises ou sont en cours en vue de permettre aux transitaires burundais d’effectuer leurs opérations dans des ports ou gares qui soient plus ou moins proches du Burundi. Ainsi, des négociations sont très avancées pour que les opérations de transit soient effectuées à ELDORET et KIGOMA respectivement pour les corridors Nord et Est.