L’enclavement du pays entraîne des problèmes d’approvisionnement et l’écoulement des produits burundais vers l’extérieur. Le fait que le Burundi soit éloigné de l’Océan est pénalisant quand il s’agit d’exporter hors du continent africain car les produits locaux sont difficilement compétitifs à cause du gonflement des coûts inhérents au tarif élevé des transports.
Cependant, si le Burundi est un petit pays enclavé situé au coeur de l’Afrique, il est situé à proximité de vastes régions comme l’Est de la RDC, l’Ouest de la Tanzanie ce qui pourrait être considéré comme un atout à exploiter si le corridor Sud venait à se développer.
Afin de favoriser l’entrée des produits burundais sur des marchés africains, le Burundi participe à certaines organisations d’intégration régionale même si certaines fonctionnent au ralenti en raison des conflits existant dans ces pays. Ainsi, le Burundi est membre de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), le COMESA ( Marché commun des pays de l’Est et d’Afrique du Sud) et est en instance d’intégrer avec le Rwanda la Communauté économique des pays d’Afrique de l’Est.
L’appartenance à ces organisations a fait qu’on a libéralisé la circulation des personnes au sein de la CEPGL et les produits importés des pays membres du COMESA bénéficient de tarifs douaniers préférentiels. Il faut dire que les entreprises burundaises dont certaines jouissent d’une bonne santé financière du fait de leur situation quasi-monopolistique sont dans l’obligation d’être compétitives et de proposer des produits de bonne qualité et à des prix compétitifs. Les dirigeants semblent ne pas saisir l’importance des perturbations que de tels changements pourront provoquer sur leur activité et tardent à prendre des mesures visant à développer et pérenniser leur activité. Signalons toutefois que des mesures transitoires ont été prises afin de permettre aux industries naissantes dans les pays ayant un tissu industriel embryonnaire comme le Burundi de pouvoir être protégés provisoirement de la concurrence des produits importés.
Les quelques produits exportés vont actuellement au Rwanda et à l’Est de la RDC. Cependant, il est très difficile de connaître les quantités de ces produits car ces temps de crise au Burundi ont été caractérisés par des pratiques de contrebande que le Burundi n’avait jamais connu dans son histoire récente. Ainsi par exemple, le Burundi produit un excédent de sucre d’environ 400 tonnes par rapport à la consommation locale; cette quantité est vendue dans les pays voisins ainsi qu’une partie de celle qui devrait être consommée localement. Pour le carburant, certains commerçants le réexportent car les prix à la pompe pratiqués au Burundi sont les moins élevés de la sous-région. Il faut cependant signaler que certains produits susceptibles d’être exportés de façon régulière tel que les bières fabriquées au Burundi ne le sont pas du fait de certaines exigences du COMESA relatives notamment aux normes de qualité.
Les seuls produits exportés hors de ces zones régionales sont essentiellement le café et le thé qui apportent l’essentiel des devises au pays.
Notons cependant qu’avant 1993, que le Burundi était parvenu à diversifier ses exportations en essayant de développer le secteur des fleurs, fruits et légumes. Si l’élan qui avait été pris n’a pas continué, les raisons principales tiennent notamment à la crise de 1993 qui a rendu impossible l’accès aux zones d’exploitation mais aussi et surtout à l’insuffisance des mesures d’accompagnement de cette action. Ces mesures tiennent notamment aux problèmes de coût de transport qui dépassent 30% de la valeur des produits à exporter128 ainsi qu’à la faible connaissance du marché. Actuellement, un projet de relance de ce secteur vient d’être mis en place depuis le second semestre de 1999. Des mesures déjà en vigueur, on peut citer la diminution des frais d’atterrissage et du prix du kérosène pour les avions qui transportent les produits non traditionnels destinés à l’exportation.
Au Rwanda, pays aussi enclavé que le Burundi, la part des transports dans le total des exportations était de 36% en 1985. Dans certains pays, ce rapport dépasse 60% ( Voir C. Mainguy, “ L’Afrique peut-elle être compétitive? ”, p 78, Karthala, 1998, 215 pages