2. 2.4.3 Structures d’appui au financement des P.M.E.

2.2.4 3.1 Contraintes de financement

Le financement de l’économie renvoie aux problèmes de constitution de l’épargne nationale. Les relations entre les institutions financières et le monde des affaires sont essentielles qu’elles soient envisagées lors de la création d’entreprises pour le financement de l’exploitation ou l’augmentation de la capacité de production d’unités existantes. Cependant, lorsqu’on aborde ce problème, il est souvent réduit à l’ensemble des opérations par lesquelles les ressources résultant de l’épargne sont mises à la disposition des unités économiques désireuses d’effectuer des investissements. On constate alors que le financement des investissements est le premier obstacle que le dirigeant d’une P.M.E. doit franchir car les ressources propres sont souvent insuffisantes pour un montage financier et les concours des institutions financières ne sont pas faciles à mobiliser. La question des garanties exigées par les banques est souvent au coeur du problème et pénalise les jeunes entrepreneurs diplômés qui n’ont pas derrière eux une accumulation de capitaux réalisée, par exemple à travers l’exercice antérieur d’une profession commerciale. Les banques commerciales étant souvent spécialisées dans le financement des crédits à court terme sont réticentes à financer les P.M.E. car elles considèrent que le financement des P.M.E. présente d’énormes risques et n’est pas par conséquent rentable.

Pour les entreprises du secteur informel , s’il est vrai que certaines d’entre elles sont rentables, les banques commerciales hésitent à les financer car elles ne trouvent pas suffisamment de documents comptables pouvant les renseigner sur le niveau de leur activité afin de pouvoir apprécier leur capacité de remboursement. On peut dire de manière générale que le financement du secteur informel se heurte aux contraintes suivantes:

  • contraintes structurelles: ces unités du secteur informel sont dispersées et atomisées . Certaines peuvent être considérées comme de pré-entreprises et ne constituent parfois qu’une source de revenus d’appoint. On constate également dans ce secteur une absence de statut juridique,

  • contraintes socio-économiques: la production du secteur informel est aléatoire et est fortement dépendante des conditions d’approvisionnement en matières premières et aux conditions du marché des produits notamment au caractère saisonnier de la consommation,

  • contraintes techniques: le niveau de formation des responsables de production du secteur est peu élevé; ce qui a pour corollaire une absence de système comptable même simplifié et une carence de connaissances technologiques.

Le Burundi dispose d’un réseau bancaire assez bien organisé. En plus des deux anciennes banques : Banque Commerciale du Burundi (BANCOBU), Banque de Crédit de Bujumbura (BCB) dont le capital est partagé entre l’Etat du Burundi et les banques étrangères, 4 autres banques constituées sur base de capitaux essentiellement burundais: Banque Burundaise pour le Commerce et l’Investissement (BBCI), Banque Populaire du Burundi (BPB), Inter Bank Burundi (IBB), Banque de Crédit et de Développement (BCD) ont été créées plus récemment. Certaines de ces banques sont compétitives et l’une d’elles réalise ces dernières années des profits étonnamment élevés. Mais il faut également signaler que pour des raisons de mauvaise gestion qu’une banque et deux institutions financières ont été fermées ces dernières années. Le Burundi dispose de deux institutions financières spécialisées dans le financement à moyen et long terme: la Société Burundaise de Financement (SBF) et la BNDE. Du fait de la situation actuelle, ces institutions n’obtiennent plus les financements dont elles bénéficiaient de la part des agences internationales de développement. Un réseau de Coopératives d’Epargne et de Crédit (COOPEC) a été implanté à travers tous le pays en vue de mobiliser davantage l’épargne et appuyer les initiatives locales. Enfin, on peut signaler la création de Fonds de solidarité créés par les travailleurs d’une même profession. Les secteurs ayant pu se doter de cette institution dépendent des ministères de l’Education, de la Santé et de la Justice.

D’autres institutions sont venues s’ajouter tel que le Fonds de Développement Communal et la Caisse d’Epargne et de Crédit Mutuel. Certains projets de la Banque Mondiale interviennent elles aussi dans le financement des projets industriels.

Les entreprises du secteur formel ont en général de bonnes relations avec les banques et les institutions financières. Elles ont des lignes de crédit de façon régulière mais le problème auquel elles se heurtent est le niveau élevé des taux d’intérêts débiteurs qui ont été partout rehaussés du fait du relèvement du taux de refinancement à la Banque Centrale. Ne pouvant plus bénéficier de crédits fournisseurs du fait que ces derniers ont adopté des attitudes réservées du fait de l’irrégularité des paiements internationaux due au manque de devises, les entreprises sont obligées d’avoir des montants de crédits de trésorerie très considérables qui amenuisent en fin de compte leur profitabilité et découragent leurs éventuels efforts de développement.

Une étude sur les relations entre les banques et les entreprises note que pour celles qui entretiennent des relations suivies, elles peuvent obtenir les crédits demandés en quatre mois et certains prêts n’exigent même pas de garanties. La durée des crédits excède rarement 30 mois pour les banques commerciales tandis qu’elle peut arriver à 7 ans pour les autres institutions financières. Il faut également signaler que 30 % de ces entreprises n’employaient que leur fonds propres.