3.3.1 Nécessité de cultiver les qualités de leadership à tous les niveaux hiérarchiques de l’entreprise

De nos jours où l’homme veut de plus en plus être pris en compte non plus comme simple facteur de production mais comme acteur principal ; il est indispensable pour être crédible dans ses engagements et prévisibles dans ses comportements , que les dirigeants exercent un fort leadership sur leur entreprise. D’après J. Kotter le leadership est utilisé de deux façons: “ pour désigner le processus qui consiste à conférer une orientation à un groupe ( ou à des groupes) de personnes par des moyens principalement non coercitifs; pour désigner les gens dont les rôles supposent du leadership ”195. Nous retiendrons la définition de W. Bennis qui définit le leadership comme “ ce qui confère à une organisation une vision et son aptitude à traduire cette vision en réalité ”196. Cette définition nous paraît complète et explicite dans la mesure où elle situe l’action du leader comme garant de l’avenir, en même temps qu'il contrôle la mise en oeuvre des objectifs fixés à l'entreprise.

Pour être leader, certaines caractéristiques telles que "l'honnêteté, la compétence, le fait d'être tourné vers l'avenir, l’inspiration et la crédibilité"197 sont les plus appréciées. Ces qualités permettent aux gens d’avoir confiance et d’adhérer aux changements introduits dans la mesure où ils mènent vers la voie tracée ; de plus le dirigeant devra chercher à faire concorder son “ propre désir de réaliser les choses importantes avec le besoin des dirigés de croire que leurs leaders ont à coeur de défendre leurs intérêts ”198. En cherchant à acquérir ces caractéristiques, le leader pourrait ainsi créer une énergie d’ensemble par un dynamisme collectif et les membres de l’organisation trouveraient plus de plaisir dans le travail aussi bien que dans leur vie privée.

Au niveau de la PME, le dirigeant et, le cas échéant, les plus proches collaborateurs du dirigeant d’autre part doivent pour cela comprendre que le pouvoir comme  contrainte et instrument de travail  est "une énergie fondamentale nécessaire pour lancer et soutenir une action"199. Comme leader, le dirigeant devra “ armer les autres; partager le pouvoir et les informations"200. Ainsi, les gens pourront avoir le sentiment, comme évoqué plus haut, de pouvoir peser sur et contrôler ce qui se passe dans l’entreprise. Par une telle attitude, on pourra accroître la satisfaction et les performances de l’entreprise. M. Crozier et H. Sérieyx201 considèrent qu’en adoptant une telle attitude, un  effet de synergie  se développera à mesure qu’on déléguera pouvoir et responsabilité à d'autres qui réagissent de manière favorable. Les dirigeants de PME devraient alors comprendre qu'en confiant des tâches importantes aux gens, on les amène à “ épouser ” les préoccupations de l’entreprise et à acquérir ainsi pouvoir et influence ce qui renforcera leur pouvoir décisionnel et leur image. L’efficacité des membres de l’équipe de direction consistera donc comme indiqué précédemment à trouver un style adapté aux personnes et aux situations rencontrées.

Ainsi, comme “  la vision est la denrée des leaders, le pouvoir, leur monnaie d’échange ”202, le partage du pouvoir permettra une plus grande mobilisation par un simple jeu de réciprocité du pouvoir.

Avec un tel partage du pouvoir, on pourra rompre avec la vision du leadership avec “ L ” où le leader est assimilé à un demi-dieu pour pouvoir amener plus de gens à agir comme “ leader avec “ 1 ” où la vision serait par exemple un concept de produit plus ou moins nouveau et la stratégie pour concrétiser ce concept ”203. Cet aspect nous paraît important car, d’une part, si le dirigeant n’a pas une capacité suffisante de “ résilience ”204, sa qualité de visionnaire peut mener l’entreprise à l’échec, et d’autre part, il ne lui est pas possible de cultiver des qualités de leadership dans toute l’entreprise. Pour s’être essentiellement intéressé à l’individu, les résultats du leader sur l’efficacité de l’entreprise sont “ rarement vérifiables et généralisables ”205 ce qui nous fait dire qu’il faut accorder une plus grande importance à l’équipe pour éviter que le dirigeant de PME ne stérilise les aptitudes de ses collaborateurs. Le leadership doit donc être davantage associé au management.

Notes
195.

J. Kotter, " Le leadership. Clé de l'avantage concurrentiel", p 45, InterEdition, 1990, 214 pages

196.

J.M AUBRY, “ Dynamique des groupes ”, p 37, Les Editions de l'Homme, 1994, 197 pages

197.

W. Bennis et B. Nanus, " Diriger. Les secrets des meilleurs leaders", p 28, InterEditions, 1987, 185 pages

198.

M Kouzès, " Le défi du leadership", pp 18-24, AFNOR, 1991, 319 pages

199.

idem, p 20

200.

P. Romelaer, " Rôles de dirigeants et structures des entreprises", op cit, p 67

201.

M. Crozier et H. Sérieyx, " Management Panique à l'entreprise du 21éme Siècle", op cit, p 107

202.

G. Rolland et H. Serieyx, " Colère à deux voix. Quand les organisations laminent les talents", p 60, InterEditions, 1995, 164 pages

203.

J. Kotter, " Le leadership. Clé de l'avantage concurrentiel", op cit, p 57

204.

R. Calori et al., «  L’action stratégique. Le management transformateur », op cit, p 56

205.

J. Kotter, "Le leadership. Clé de l'avantage concurrentiel", op cit, p 40